La chronique de Noura : Entre terrorisme et racisme d’État, la France cherche sa lumière (par Noura Mebtouche)

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La tragédie du vendredi 13 novembre 2015 va laisser des traces dans les inconscients, d’ autant plus que là bas, au Mali, des individus sont morts eux aussi pour les même raisons il y a quelques jours. (Ce vendredi 20 novembre : 5 morts, 9 blessés).

En ce moment chacun se tient sur ses gardes.

C’est une raison supplémentaire pour se préserver contre une autre conséquence grave de cet événement, celle des confusions qui ne vont pas manquer de se faire entre des individus isolés, qui ne font pas partie de nos communautés de citoyens mais se sont volontairement placés comme les volontaires au service d’une organisation terroriste dont la cruauté de actes marque aujourd’hui le monde entier.

Le racisme d’État qui a déjà fait l’objet de nombreux débats est une notion qui plus que jamais, doit être débattue dans les journaux et à laquelle tout le monde se doit de prendre part avant que nous en arrivions à détruire les fondements de notre République.

Ce débat est récurrent dans la France d’aujourd’hui et dans celle d’hier.

Nous sommes loin, aujourd’hui, des années 80 et des organisations contre le racisme qui ont été les premières à mettre ce problème de notre société en lumière.

Il est aujourd’hui question de redéfinir la notion d’État français et de société française, et même si nous nous devons de manier ce terme avec précaution tant il porte ici et en Europe à de multiples confusions nous avons néanmoins le devoir de redéfinir cette notion avant que des individus aux mauvaises intentions ne s’en chargent.

Pour moi, les deux termes État et Nation se définissent aujourd’hui de la manière suivante.

– La Nation est un territoire peuplé de citoyens ayant la nationalité ou non, évoluant en société en exerçant une activité autorisée par la loi rémunérée ou non, peu importe, ayant des attaches familiales ou individuelles avec d’autres citoyens français.

Mais bien davantage encore, ce qui définit la Nation, c’est l’existence d’un projet commun, collectif, qui lie les individus entre eux .

Ce projet n’est légitime que s’il tend vers le progrès social, la liberté de chacun, l’égalité entre les personnes sans discrimination, et la fraternité.

Il ne peut être efficace que si le maximum de vigilance est apporté à la paix et au bien être de chacun ainsi qu’à sa sécurité ce qui suppose une bonne entente avec les pays voisins, notamment du pourtour méditerranéen.

En bref, l’idée de Nation n’est acceptable, que si elle est compatible avec les grands principes définis au sein de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui fonde notre droit international, sous couvert de l’ONU.

Il y a donc bien idée de Nation mais celle ci est contemporaine et fait référence aux accords passés entre pays.

– L’État n’est rien d’autre qu’ un instrument qui est au service du peuple et se doit de préserver, leurs droits, leur intégrité et leur sécurité. Sa principale mission est d’exercer le monopole de la coercition légitime à travers les lois et règlements ainsi que, si le cas se présente par son appareil de défense intérieure et extérieure.

 Il est le seul à pouvoir punir, par le moyen de l’administration de la justice où à pouvoir faire, s’il l’estime nécessaire l’usage de la violence à condition que cet usage se fasse en respect avec la Constitution et les droits des individus qui y figurent.

C’est ce qui définit un État de droit, seul type d’État reconnu par l’ONU.

Les malaises de notre société et notamment le racisme d’État provient d’une confusion malencontreuse entre la notion d’État et celle de Nation.

On pense parfois qu’il est fait usage de la coercition au nom de la Nation et non pas au nom de l’État. Or, la Nation est une entité abstraite encore mal définie tant le débat réel manque sous l’égide d’une Europe économique qui a mis le Politique de côté.

Or, ne l’oublions pas, l’État appartient aux citoyens, ce sont eux qui en sont responsables et le financent, autant qu’ils le définissent.

Les bavures policières et crimes d’origine raciale n’épargnent pas le territoire français.

Ainsi le film Ya Oulidi relate l’histoire de la famille de ce jeune homme de 20 ans, tué lors d’un contrôle de police. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Sa famille citoyenne française, cherche à alerter les gens sur ce type de crimes.

Cette histoire a fait l’objet d’un film, d’une chanson , de pièces de théâtre , de débats, d’un livre nommé « la Gâchette facile » écrit par le frère de la victime.

Voir : http://www.liberte-expression.fr/ya-oulidi-la-resilience-portee-a-lecran/

En refusant peu à peu et de manière de plus en plus importante, d’accepter toute notion de culture élargie au plein sens du terme et pas seulement liée aux origines, la République française se tourne le dos à elle même . Et cet écart constaté depuis les progrès effectués aux deux dates charnières que sont 1945 et 1968, risque de grandir encore, suite aux attentats derniers.

Il faut d’abord rappeler à chacun que seul l’État et ses institutions ont le monopole de la coercition légitime et de la Justice et susciter autant que possible, passé les premières séquelles de cet événements traumatisants, le débat et le dialogue.

Le malaise est récurrent et visible à tous les niveaux : qu’il s’agisse des modes de vie, de la diversité des cultures, de la liberté de culte, des droits des femmes, ou de la mobilité sociale réelle et effective, un grand pavé jeté dans la mare de nos sociologues à commencer par Pierre Bourdieu dont on aurait pu croire qu’il allait être dépassé depuis les années 60, il s’agit avant toute chose, de remédier avant que force des choses aidant, la culture française qui est une culture d’humanisme et de solidarité entre tous les gens de bonne volonté ne disparaisse…

En même temps que notre appareil d’État doit faire un effort supplémentaire pour éviter que l’horreur ne se reproduise.

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