Littérature/ Histoire : L’emmurée (Légende Médiévale)/ 3– Croissant aux beurs (par Ann)

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L’emmurée

Légende médiévale

III – Croissant aux beurs

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Ces croisés de bras cassés, entraînés par l’ermite Pierre, ne furent pas les premiers chrétiens à traverser le Bosphore. Entre les pèlerins en route pour laver leurs fautes en famille et les aventuriers pas toujours très recommandables, les Turcs avaient de quoi jouer du sabre…

Les pénitents emboîtaient le pas des marcheurs qui les avaient précédés en remontant le Danube. Ils recevaient souvent l’hospitalité, ils volaient parfois mais c’était là sans doute, le prix à payer pour le rachat de leurs péchés, à moins que ce ne fût pour le compte d’un autre trop occupé à ses affaires terrestres. Ce n’était pas le Club Med mais en passant le Bosphore, ils avaient déjà troqué leur vie quotidienne pour une vie éternelle quand la mort ne les avait pas attrapés au tournant. Il leur suffisait de payer leur retour par une palme marquée Jerusalem Factum, acquise souvent dans une échoppe romaine comme de nos jours, les touristes achètent une tour Eiffel au Mont Saint Michel dont ils ne gravissent que les quelques mètres jalonnés de marchands de souvenirs.

Il y avait dans cette faune de piétons, des repentants, des roublards et des gens qui voulaient voir du pays malgré les enquêtes ecclésiastiques d’usage. C’était la porte ouverte aux aventuriers avides de terres à conquérir et de richesses à s’approprier comme il en fut d’un certain normand Roussel de Bailleul. Celui-ci rallia d’abord l’île de Sicile fraîchement conquise par le clan des Hauteville, ces descendants de Scandinaves qui, se sentant à l’étroit dans le tout récent duché normand, se sentaient également pousser des ailes comme celles des corbeaux vikings pour fonder des colonies sur la Méditerranée. Puis voulant combler son ennui et ses ambitions, il s’engagea comme mercenaire sous la bannière de l’empereur byzantin Diogène. Après moult aventures, l’intrigant Roussel périt sous les coups des Byzantins, une vingtaine d’années avant la peu glorieuse Croisade des Gueux.

Les Croisades ! Quelle chouette idée, eut là le pape Urbain ! Un prétexte en or ! La Foi au service de la colonisation ! Les seigneurs sans terre, les cadets sans avenir avaient grossi largement les rangs des aventuriers pour la conquête d’un Proche-Orient que les Mongols Seldjoukides, de leur côté, avaient auparavant lorgné en quittant leur steppe centrale. C’était le bon temps des conquêtes et des Dieux uniques… Les peuples avaient désormais d’autres ambitions que le paganisme et le nomadisme en exaltant leur haine sur l’autre, le barbare. Quand les barons engagèrent la première croisade, les sabots de leurs chevaux n’eurent qu’à suivre les empreintes laissées par des Francs mus par de déloyales motivations.

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ANNE ANDRÉE-ROCHE

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[1] Les pèlerins de Jérusalem

[2] Les palmiers dattiers poussent en quantité au moyen orient mais on en trouve sur tout le pourtour méditerranéen. Quoi qu’il en soit les feuilles naturelles sont plus périssables que les coquilles des Jacquards.

[3] Ancêtres des Turcs.

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Chapitres précédents :

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Littérature/ Histoire : L’emmurée (Légende Médiévale)/ 2– Byzance, c’est fini ! (par Ann)

Littérature/ Histoire : L’emmurée (Légende Médiévale)/ 1 – Têtes de Turcs (par Ann)

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