Poésie : Les murs (par Laurent Bouisset)

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Les murs

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Crier n’est rien contre les murs.

On crie quand même.

Donc les murs restent.

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Les murs se coulent en nous,

on participe à leur mission,

on est leurs fils.

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On est la blancheur du plâtre avec eux.

On est le silence du parpaing quand on éructe

et qu’on les frappe.

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Et nos têtes viennent saigner contre eux.

Et nos cris dessus coulent comme des mollards.

Et même alors on les produit.

On les respecte en les frappant, les murs.

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Même on les met.

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On les met de partout dans nos tunnels.

Dans notre purée de temps contrit.

Et dans l’amour aussi ils viennent.

Ils viennent aussi dans l’amour libre…

Ils ont le parfum de l’omniprésence, les murs !

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C’est leur faiblesse.

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C’est comme le son de ce ventilateur trop continu.

C’est le défaut d’insister qui les perd.

Et peut faire qu’invité par ce tempo,

ou cette couleur… ou ce que tu préfères

qui le temps d’un soupir relâche ta guerre…

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tu ramènes tes pieds à toi deux heures..

et sans les perdre de vue un instant…

sans non plus t’endormir ou boire du feu…

tu restes doux à te calmer.

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Tu coules à l’envers du chemin…

et sans un crachat… les oublies…

Marseille, avril 2015

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Laurent Bouisset

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