Découverte : Interview des bénévoles de la webradio Radiolutte (par Sacha)
Il y a déjà 4 ans, les bénévoles de TheChangeBook nous présentaient leur « réseau social » militant et autogéré, qui propose une alternative à Facebook. En avril 2019, une nouvelle initiative est lancée par les membres de TCB : créer une webradio non marchande à la portée de tous, afin de véhiculer les savoirs, la culture, et offrir une information indépendante des lobbys et du système capitaliste en général. Reportages militants et culturels, actualités, interviews, playlists que l’on aimerait entendre plus souvent, criée publique, participation des auditeurs… la radio ne manque pas d’idées ni d’énergie, et ça tombe bien, car c’est le sujet du jour !
Interview des bénévoles de la webradio Radiolutte
C’est avec un immense plaisir que nous vous proposons de continuer à suivre les initiatives des bénévoles de TheChangeBook. Débrouillard·e·s, engagé·e·s, motivé·e·s, ces « touches à tout » de la presse alternative, non satisfaits d’avoir déjà donné vie à un journal d’actualités (papier et web) ainsi qu’à un « réseau social » militant, continuent de faire évoluer leur projet de réappropriation des outils de communication et viennent de gravir un nouvel échelon en lançant leur propre webradio : Radiolutte !
.
Si vous ne connaissez pas encore toutes les initiatives du collectif, voici les liens :
- TheChangeBook : thechangebook.org
- Le journal (en ligne) Actualutte : actualutte.com
- Radiolutte : radio.thechangebook.org
.
Radiolutte a été créée au printemps 2019. La diffusion audio apporte une dimension plus humaine aux reportages de terrain, interviews, et actualités proposés par le collectif. De plus, qui dit radio dit musique : Radiolutte diffuse de nombreux titres variés tels que punk-rock, métal, rap engagé, électro-dub, jazz, chants anars, etc. Certains styles, comme le métal et l’électro, ont même leurs propres émissions attitrées ! L’objectif de Radiolutte est simple : relayer pour rassembler et devenir « le lieu des convergences des luttes humanistes » ! La webradio encourage ses auditeurs à « s’exprimer et partager leurs connaissances ». Diffusée sur Internet, elle est ouverte aux contributions du monde entier, envisageant ainsi une portée internationale à long terme !
Mais arrêtons le blabla ici et laissons les véritables maestros s’exprimer pour nous en dire plus sur Radiolutte ! Un énorme merci à Myette et toute l’équipe d’avoir pris le temps de répondre à nos questions !!!
.
.
Quelles sont les motivations qui vous ont poussés à développer une radio ? Même si les supports sont très différents, y a-t-il des points communs entre TCB et Radiolutte ?
TheChangeBook est géré par ses membres actifs, selon la charte et les objectifs définis par son association cadre, Médialutte, créée en 2012. Il en va de même pour Radiolutte, née de l’initiative de membres intéressés par ce média, qui ont proposé ce projet sur le réseau et ont commencé à y travailler il y a quelques années. Récemment, tous les éléments ont été réunis et le projet a pu se concrétiser. Les écrits et les enregistrements sont complémentaires ; mettre une voix sur une pensée permet de l’incarner. Les chants font partie des luttes et du travail, et avoir une radio permet de revitaliser l’information militante souvent austère lorsqu’elle est transmise par écran.
Radiolutte est à la fois une extension de TCB et quelque chose d’indépendant. Les deux partagent le désir de diffuser des savoirs sur les luttes. Elles ont le même fonctionnement, ouvert aux propositions des membres et à leur investissement selon leurs souhaits et disponibilités, ces aspects pouvant être discutés et redéfinis collectivement. La radio est indépendante dans le sens où elle ne se calque pas sur le réseau ; son actualité n’est pas nécessairement celle de TCB.
.
Combien de personnes s’investissent actuellement dans le projet ? Comment s’organise la répartition des tâches dans une radio autogérée ?
L’équipe compte une demi-douzaine de personnes, plus ou moins impliquées : certaines sur le plan technique, d’autres par leurs recherches ou propositions de musiques ou d’émissions, ou encore en prêtant leur voix à la radio ou en s’investissant dans la programmation. Nous manquons souvent de temps pour nous organiser de manière rigoureuse, mais l’objectif est que chacun·e puisse s’y retrouver. En attendant, les tâches se répartissent en fonction des initiatives, des aspirations et des disponibilités des participant·e·s. C’est une forme d’autogestion instinctive, mais comme pour le réseau, elle peut toujours être rediscutée et réinventée. Généralement, cela passe par des propositions qui, avec le temps, peuvent intéresser d’autres personnes, lesquelles détermineront comment elles souhaitent participer. Il y a plusieurs projets collectifs en cours, offrant divers niveaux d’implication, du grain de sable à plus si affinité. L’avantage est qu’on apprend en faisant et qu’on trouve peu à peu une place dans un monde où il est difficile de se découvrir. C’est dans le « Faire » que se construisent les voix d’émancipation.
.
Quelle est la portée de Radiolutte et à qui s’adresse-t-elle ? Est-elle locale, nationale, ou internationale ? Connaissez-vous votre taux d’audience ?
Le réseau ne compte pas des millions de personnes, et la radio non plus, d’autant qu’elle démarre à peine et n’aura pas, et c’est tant mieux, de gros investisseurs boostant sa communication pour en tirer profit, ce qui est impossible pour un réseau non marchand. C’est en sortant des logiques d’audimat imposées par le capitalisme que nous pouvons progressivement reconstruire notre propre « vivre ensemble » et lui faire gagner du terrain. Ces outils uniques, appartenant à personne et à tout le monde à la fois, sont destinés aux acteurs des luttes, qu’ils aient réussi à s’émanciper des médias dominants ou non. Ils permettent d’expérimenter un autre rapport à l’autre, d’envisager le monde différemment et de désamorcer les rapports de pouvoir qui nous contrôlent. Il n’y a pas d’échelle géographique fermée : les membres peuvent être partout, même si le réseau a pris naissance en France et est principalement en langue française. Si une personne se connecte depuis l’Italie, le Canada, l’Angola, et souhaite adapter le réseau pour ses proches, rien ne s’y oppose, de même pour la webradio. Des créneaux sont disponibles pour les actualités locales de partout, le local s’inscrivant dans le global, s’en nourrissant et y participant.
.
Nous retrouvons de nombreux reportages journalistiques, interviews, chroniques, etc. Comment et de quelle manière choisissez-vous les sujets et les émissions ?
Pour l’instant, l’espace est assez ouvert. La plupart des propositions viennent des membres : émissions réalisées ailleurs et relayées sur Radiolutte, ou projets montés sur le réseau, souvent ouverts aux participations collectives. Nous relayons également des contenus en accord avec les objectifs et valeurs du réseau. Pour l’instant, les choix dépendent des disponibilités des personnes intéressées par la radio et de leurs initiatives. Tout choix peut être rediscuté en réunion si nécessaire.
Vous proposez également de nombreux titres et styles musicaux très variés. Quels sont les artistes diffusés sur Radiolutte ?
Il y a plusieurs artistes présents sur Radiolutte, bien que, malheureusement, tous n’aient pas encore eu l’occasion de visiter la plateforme. Une bonne dizaine d’entre eux y ont déjà partagé leur musique. Une grande partie de la programmation provient de sonothèques où les artistes mettent à disposition leur travail en Creative Commons pour une diffusion libre dans un cadre non marchand. Chaque personne impliquée dans la radio puise également dans ses propres contacts pour diffuser les artistes qui lui plaisent. Si d’autres personnes souhaitent entendre différents styles, elles sont invitées à prendre en charge la recherche correspondante. Nous sommes aussi toujours en quête de chansons engagées et de chants des luttes de toutes époques. Un projet de « pastilles » pour présenter certains de ces chants est d’ailleurs en cours.
.
Peut-on soutenir la radio d’une manière ou d’une autre ?
Oui, vous pouvez soutenir Radiolutte de plusieurs façons : en nous rejoignant, en participant aux enregistrements, au choix, à l’élaboration ou au recalibrage des contenus, comme les textes des éphémérides anarchistes, les lectures des textes des auteur·ice·s du réseau, ou les « pastilles » de présentation des chants des luttes. Vous pouvez aussi envoyer des textes enregistrés ou à enregistrer à « La Criée publique », proposer votre musique ou participer au financement du loyer du réseau qui héberge la radio.
.
Propos recueillis par Sacha
.
.
La programmation
.
Les diffusions de l’Éphéméride Anarchiste ont repris sur #Radio Lutte, tous les jours à 9h00 et à 18h25.
Radiolutte, c’est la webradio lancée par Thechangebook, réseau social associatif, non-marchand et sans pub, géré et financé par ses propres membres. Comme le réseau qui la porte, Radiolutte a pour objectif de relayer et rassembler autant que possible, via une gestion collective par celles et ceux des membres de Tcb qui souhaitent s’y investir à leur convenance, les infos des luttes.
Pierrot y diffuse ainsi son « Tu la sens la liberté » (le mercredi à midi)
Indie Seb, ses émissions « Indieshow », émission musicale, « l’Imaginoir », qui apporte l’autre regard de personnes porteuses de déficience visuelle, ainsi que les musiques de Bazarsonik, un mercredi par mois, respectivement à 17h35, 18h35 et 21h ; Mais aussi « Sur la route », l’émission des alternatives qu’il rencontre chemin faisant (à 18h30 le mardi, rediff à 12h le jeudi)
Alex y programme ses plages Hip pause et ÉlectroDub, (le mercredi à 13h50 et 15h35)
Dan et son équipe ouverte, « Le Métal Dans Tous Ses États », (un vendredi par mois à 20h, rediff le mardi à 13h)
Ric Lanisteric, sa petite émission Punk-Rock tous les vendredis à 18h
Lilith et son équipe, « La Criée publique », enregistre vos cris, tout ce qui vous passe par la tête, (ou les monte, s’ils sont déjà sonores) et les diffuse un vendredi sur deux à 17h, et le dimanche de la semaine suivante à 12h30
Les musiciens de Tcb (Dialcaloiz, What a day, Tilda, OPA, Lemwedje, The Butters, Indieground…) y diffusent leur musique régulièrement, et en particulier le jeudi à 18h30
Quelques artistes, comme L’1consolable, Duval Mc, Jolie Môme, la chorale de la Redonne, La Blanche, Maya Solovey, Personyk, MR Roux, René Binamé, Prince Ringard…
D’autres projets sont d’ores et déjà sur la table, comme les lectures des auteur.ices de Tcb, les chants des luttes, et tous ceux que vous souhaiterez proposer, en particulier l’Actu de vos luttes locales !
On y promeut également les artistes qui mettent en créative commons leur travail, ainsi que l’Hebdo parleur le jeudi à 19h30 et l’Actu des luttes de Radio parleur les mardi, jeudi, samedi et dimanche à 20h30. D’autres partenariats sont en projet et toute proposition sera étudiée.
Pour en revenir, enfin, à l’Éphéméride Anarchiste, dont on fête le retour cette semaine, vous êtes toujours toutes et tous invité.e.s à en proposer vos versions (texte d’environ 3mn20) sur Thechangebook, en particulier, puisque peut toujours mieux faire, si vous avez envie d’apporter votre expertise à l’amélioration de cette petite pastille !
Et si vous aussi, vous voulez contribuer à la Grande Aventure Foutou’art ,
envoyez-nous un don, même 1€ !!! Via Paypal en cliquant sur le bouton ci-dessous :