Actu/ Présidentielle 2017 : Interview de Nathalie Arthaud candidate du parti Lutte Ouvrière (propos recueillis par Sacha)

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Nathalie Arthaud, porte parole du parti Lutte Ouvrière et candidate à l’élection présidentielle (pour la seconde fois), répond aux questions du Foutou’art ! C’est l’opportunité pour nous d’en savoir un peu plus sur la vision politique et le positionnement de cette candidate, de gauche, malheureusement bien trop souvent écartée des grands médias « bourgeois ». Successeur d’Arlette Laguiller, elle reprend le flambeau du parti des « travailleurs, travailleuses » en décembre 2008. Elle fût conseillère municipale de la ville de Vaux-en-Velin jusqu’en 2014 et est également enseignante dans un lycée en Seine-Saint-Denis.

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Vous vous présentez pour la deuxième fois à l’élection présidentielle, qu’espérez-vous de cette élection ? Qu’entendez-vous par « vouloir faire la différence » et quelles sont les grandes lignes de votre programme ?

Plus exactement, j’espère faire entendre une voix dissonante en dénonçant la bourgeoisie, sa fortune et la dictature qu’elle fait peser sur toute la société. En affirmant que les intérêts des travailleurs (la nécessité pour tous d’avoir un emploi et un salaire minimum de 1800 € net par mois) doivent passer avant les parachutes dorés des PDG et avant les dividendes des actionnaires.

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Vous êtes la seule femme de « gauche » à se présenter, ne trouvez-vous pas que cela soit regrettable pour la parité homme/ femme ?[1]

Je ne me réclame pas de la gauche, mais du camp des travailleurs. Quant à la sous-représentation des femmes en politique, elle juge les grands partis. Ceci dit, je ne pense pas qu’avoir des Thatcher ou des Merkel françaises en plus d’une Le Pen feraient avancer le combat des opprimés.

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Il y a quelques années, vous affirmiez qu’il n’y aura jamais « de place pour un bon gouvernement de gauche dans le système actuel » et que même ceux qui se veulent de gauche ne seront que « des gouvernements de combat pour la petite bourgeoisie ». Faut-il entendre par là que vous ne pourrez jamais être élue et que même si c’était le cas, vous ne pourriez pas empêcher la « bourgeoisie » de reprendre le contrôle ?

Je l’ai affirmé avant que François Hollande soit élu. Et qu’a-t-il été, sinon un gouvernement de combat contre les travailleurs ? Car oui, je pense que tout politique qui accepte de gouverner dans le cadre de cette société capitaliste où l’argent et le pouvoir sont concentrés dans les mains du grand capital se voue à faire les quatre volontés de la minorité bourgeoise.

Je ne suis pas candidate pour devenir présidente de la république, je ne veux pas prendre de responsabilité à la tête de ce système, je veux le renverser car il est basé sur la domination et l’oppression. Mais on ne changera cette société qu’en s’appuyant sur le combat des travailleurs car ils sont les seuls à avoir intérêt à renverser l’exploitation et le grand patronat. Dans cette élection j’appelle les travailleurs à se rassembler derrière leurs intérêts de classe et le drapeau des luttes collectives.

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Une tendance anti-européenne sévit depuis plusieurs années dans les mentalités, êtes-vous plutôt favorable à l’Union Européenne tout en remettant son système économique en question, ou plutôt favorable à une sortie de celle-ci ?

Je pense que cette fixation sur l’Union Européenne conduit à faire diversion et à occulter l’essentiel : la dictature de la classe capitaliste sur l’économie et la société. Car euro ou pas, UE ou pas, la bourgeoisie qui possède le capital continuera d’exploiter les travailleurs et de mettre le monde en coupe réglée. Ce n’est pas en sortant de l’Union Européenne que l’on obtiendra l’arrêt des licenciements ou de meilleurs salaires. C’est en se battant contre ceux qui décident, le grand patronat.

Au lieu d’opposer les travailleurs d’Europe les uns aux autres, nous militons pour que naisse la conscience de faire partie d’une seule et même classe d’exploités, aux intérêts communs par delà les frontières que certains veulent restaurer et par delà les préjugés nationalistes.

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Qu’auriez-vous à dire aux électeurs tentés par le vote FN ? Marine Le Pen est-elle un personnage « anti-système » ?

Qu’ils se trompent. Le Pen est une bourgeoise qui pense en bourgeoise. Le fait qu’elle vise les immigrés ou les étrangers qui sont en fait des travailleurs, des ouvriers et des chômeurs montre qu’elle est hostile au monde ouvrier. Avec elle, c’est vive la bourgeoisie et haro sur les pauvres.

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Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon parlent de fonder une 6ème République basée sur un système parlementaire, êtes-vous favorable à ce changement? N’est-ce pas un retour à la IIIème République ?

3ème, 4ème, 5ème ou 6ème, cela reste toujours la république bourgeoise avec des institutions qui ne recouvrent qu’une fiction de démocratie alors que pour l’essentiel, pour l’emploi, un salaire, une retraite, son logement, on est dépend de ceux qui possèdent le capital. Et on n’est souverain de rien. Même pas du métier et du travail que l’on réalise.

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Philippe Poutou nous a confié lors d’une interview qu’il regrettait le manque d’échange et de travail commun entre vos deux partis malgré vos nombreuses convergences, qu’en pensez-vous ?

A chaque fois que le NPA nous propose de se voir pour discuter de notre analyse de la situation et de nos perspectives nous acceptons. Et chaque année le NPA répond favorablement à notre invitation, il tient un stand à notre fête nationale et nous débattons ensemble publiquement. Nous avons des relations fraternelles mais nous représentons deux tendances d’extrême gauche et je crois que chacun tient à sa spécificité et qu’il est bon que ces deux tendances s’expriment lors de ces élections. On ne sera pas trop de deux pour bousculer ce concert de voix bourgeoises.

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Vous êtes favorable à une augmentation du Smic, de combien et que répondez-vous à ceux qui affirment que son augmentation provoquerait une inflation ?

Pour nous le minimum net par mois devrait être de 1800 € et pour s’assurer que cette augmentation ne soit pas rattrapée par une flambée des prix, il faut se fixer l’objectif que les travailleurs contrôlent les décisions des entreprises, à commencer par leur politique de prix.

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Selon-vous, aujourd’hui quels sont les outils/ solutions pour lutter contre le capitalisme mondial et est-il encore possible de créer une société plus égalitaire et humaine ?

Les travailleurs représentent la force sociale capable de renverser le capitalisme. Ils n’ont à perdre que leurs chaînes et ils sont à même de construire une autre économie, basée sur la propriété collective, sans patrons, sans la loi du profit, de la concurrence et du marché. Nous fêtons cette année le centenaire de la révolution russe, nous devons nous inspirer de cette première révolution prolétarienne car même si les exploités n’ont pas conservé le pouvoir et que la bureaucratie stalinienne le leur a confisqué, les ouvriers et les paysans russes ont prouvé qu’ils pouvaient impulser, par en bas, une toute autre société.

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Dans une interview sur Europe1 vous regrettiez de n’être jamais invité par les médias… Sous-entendez-vous qu’il y a une volonté de vous écarter des médias traditionnels ?

Les grands médias n’ont jamais accueillis les révolutionnaires à bras ouverts. Il n’y a pas de raison que cela change. C’est, quelque part, une reconnaissance de ce que nous sommes. Ceci dit nous nous battrons pour qu’ils respectent le peu de pluralisme que le système accepte.

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[1] Keul me rappelle que j’ai omis Charlotte Marchandise 

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Un grand merci à Nathalie Arthaud d’avoir bien voulu prendre le temps de répondre à toutes nos questions !!!

Propos recueillis par Sacha

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