Pamphlet : A l’ex-monsieur le Ministre de l’Intérieur (par Dr. Stro)

 

Illustration de Jerc

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A l’origine, ce texte devait paraitre dans notre prochaine version papier, mais depuis comme qui dirait l’autre “pas mal d’eau est passée sous les ponts..” et pas de sortie de prévue dans l’immédiat. Du coup, afin qu’il ne finisse pas dans les oubliettes de l’histoire du Foutou’art, nous le publions sur le site. Il est certain que cet aimable petit pamphlet rédigé par Dr. Stro, fera honneur à notre ex-Ministre de l’intérieur et maire de Lyon, Gérard Collomb, tout en nous rappelant quel maire il est et quel fabuleux Ministre il fût.

 

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Booba Collomb, duc de Miami-Bauveau

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Monsieur l’ex-Ministre de l’Intérieur,

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Au nom de la rédaction de Foutou’art, de nos compagnons de route et collaborateurs occasionnels, des Françaises et Français, des étrangers qui vivent ici, survivent ici, crèvent ici dans les files d’attente de la préfecture, des mères célibataires à poussettes doubles, des employés de kebabs peu en règle, de ceux qui font la manche devant Monop, des joueurs d’accordéon dans le métro, des femmes noires qui astiquent la nuit les établissements municipaux, des habitants des camps de fortune et des bancs des parcs,

je vous déclare par la présente qu’en vertu de l’article 33 sur les injures publiques (loi du 29 juillet 1881), et de l’Article 433-5 sur l’outrage à agent dépositaire de l’autorité publique,

nous ne vous considérons :

ni comme un salaud,

ni comme une crapule,

ni comme

un fasciste.

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Vous connaissez Foutou’art : cocos, libertaires, anarcho-staliniens, écolo-rêveurs, punko-féministes, végans antispécistes, antifa cloutés, plasticiens quedallistes, panel rangé par facilité sous l’appellation « de gauche ». Une sensibilité marquée, selon les éditorialistes de Minute et du Figaro, par la culture de l’excuse.

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Aussi, au nom de ceux cités et de ceux que j’oublie, je vous le dis solennellement : nous ne vous en voulons pas.

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Au fond, monsieur le Ministre, vous êtes un gône des cités, fils d’ouvrier et de femme de ménage de Chalon-sur-Saône avec du désir de revanche à revendre, qui, par sa volonté et son TRAVAIL, a fait d’une orgueilleuse marchande catholique cité, son fief – que dis-je, sa téci – que dis-je, son business.

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Pourtant une chose m’intrigue : CE TRAVAIL, c’est quoi ?

Ministre ? Maire ? Sénateur ? Président de métropole ? Du Sytral ? Quel est votre métier, monsieur le Ministre ?

Prof de grec ?

Un prof de grec même shooté à L’Iliade n’envoie pas de CRS sur ses lycéens. Ni ne déplace de prostituées vers les quartiers excentrés parce qu’elles font désordre. Ni ne vend sa ville par bouts à un leader de l’affichage publicitaire.

Alors, monsieur l’ex-Ministre, que faites-vous dans la vie ?

J’ai beau chercher, une seule hypothèse me paraît pertinente :

Vous êtes Booba. Un cador du verbe parti de rien, devenu icône pop, modèle de virilité et boss de sa téci. Avec un culot monstre et l’amour des films de gangsters.

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Nous avons vu Les Affranchis, monsieur l’ex-Ministre. Nous avons vu Scarface. Nous savons les choses désagréables qu’il faut faire pour rester au sommet. La place que vous occupez n’est pas si confortable : vous offrez votre réserve parlementaire aux élus de l’ouest lyonnais pour vous assurer leur soutien à la Métropole, on hurle au clientélisme. Vous remplacez les malades d’un hôpital public par des boutiques de luxe, on vous traite de vendu, de loufiat des patrons, traître à sa classe. Vous délogez de nuit quelques pouilleux d’origine douteuse, on vous attribue une politique migratoire digne du FN.

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Ces accusations sont ignobles.

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Est-ce votre faute si ce ne sont pas les migrants et les bénéficiaires de la CMU qui ont des réseaux dans ce pays ? Vous ne calculez pas. Vous écoutez vos tripes. Elles vous disent qu’un prolo, pour réussir parmi les requins, doit faire plus fort, plus brutal qu’un notable né dans sa soie. Et qu’il faut que ça se voie.

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Le MC lambda affiche ses bijoux à dix K € ? Vous portez un stade de foot à 415 millions autour du cou. Le rappeur de base se marave dans un aéroport pour un peu de street cred ? Vous avez 150 000 policiers, 15 000 CRS pour y aller à votre place. Don Corleone ne se salit pas les mains. Nous le savons. Nous vous excusons. C’est ainsi que de Chalon-sur-Saône on arrive place Beauvau. Votre Miami à vous.

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Avec cet art de la punchline qui fait les grands MC :

«  Je crois que si demain on veut garder le droit de manifester, qui est une liberté fondamentale, il faut que les personnes qui veulent exprimer leurs opinions puissent aussi s’opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être complices de ce qui se passe».

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«Puis-je vous dire, Monsieur le président, qu’il n’y a pas que le Sénat qui fait du benchmarking mais que les migrants aussi font un peu de benchmarking pour regarder les législations à travers l’Europe qui sont les plus fragiles».

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Mais vous ne resterez pas à Miami. Vous savez que quand on tire sa force de la téci, il ne faut pas s’en éloigner trop longtemps. On en entend déjà, d’ailleurs, qui disent que vous êtes bien, là-bas, et qu’à votre place ici… eh bien ils s’y verraient bien.

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De belles promesses de clashes pour les deux années à venir.

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Vôtre,

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Dr. Stro

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