Actu : CRA et Covid-19, un drame et une honte pour le « Pays des Droits de l’Homme » (par Sacha)

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Alors que les rassemblements sont interdits et les frontières sont fermées, les centres de rétentions administratifs jouent les mauvais élèves et continuent d’enfermer des centaines de migrants au détriment de leur santé et de leurs droits les plus fondamentaux.

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La Cimade a beau tirer la sonnette d’alarme sur les conditions des personnes en voie d’expulsion au sein des CRA (centre de rétention administratif) depuis mars dernier, rien à faire tout le monde s’en fout. Même à gauche, aucune voie n’est venue dénoncer le drame sanitaire qui se joue sous nos yeux. Les frontières hors Union Européenne sont fermées depuis le 1er confinement, et pourtant les préfectures de nombreuses régions continuent de traquer et enfermer les migrants « non-grata » à 5 ou 6 personnes par cellule (contradictoire avec le protocole sanitaire), pour une durée qui peut s’étendre jusqu’à 90 jours. Les aides médicales sont insuffisantes, les gels hydroalcooliques et masques presque inexistants, et ne parlons pas de l’hygiène tout bonnement insuffisante et scandaleuse en temps de pandémie. Les migrants ne sont plus considérés comme des humains ayant des droits, mais comme des animaux parqués avant l’abattage. Les visites sont depuis le couvre-feu interdites, mais plusieurs personnes incarcérées dans les différents centres de France ont pu témoigner, à leur sortie, par téléphone, ou sur les réseaux sociaux, des violences policières subies. Insultes, humiliations, violences physiques et mise en isolement en cas de rébellion sont monnaie courantes aux CRA.. Pire, des témoins affirment que des « co-détenus administratif » nécessitant des soins d’urgence n’ont ni été hospitalisés, ni soignés. Certaines personnes sont testées plusieurs jours après l’apparition des premiers symptômes du covid-19. Plusieurs médias et associations dénoncent le fait que tous les CRA ne testent pas les migrants à leur entrée par manque de places pour entamer une quarantaine ou par manque de budget pour tester l’ensemble des nouveaux arrivants.. 

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Quand le Ministère de l’Intérieur rime avec cluster

Le gouvernement se congratule d’avoir appris de ses erreurs durant la première vague. Pourtant nous pouvons nous interroger sur le sérieux de cet annonce sur de nombreux points,.. notamment la gestion des CRA. Le gouvernement, ou du moins le Ministère de l’Intérieur sait que de nombreux clusters sont apparus dans les CRA durant le premier confinement; sans scrupule il continue d’inciter les préfectures à enfermer les migrants durant cette deuxième vague en dépit du risque sanitaire que cela provoque.. Entasser des personnes, répétons le à 5 ou 6 par chambre, sans aucune protection (gel, masques, etc.), n’est-ce pas jouer avec la vie des migrants, mais aussi avec celle des fonctionnaires, femmes de ménage et assistantes sociales qui travaillent dans ces centres ?

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Cela fait plusieurs mois que la Cimade et différents collectifs de soutien aux migrants se battent bec et ongles sur plusieurs fronts pour faire valoir les droits des migrants. Le 5 novembre dernier à Toulouse, la Cimade multipliait les actions en justice soutenue par une dizaine d’avocats de l’ADE (association de défense des étrangers), afin de remettre en cause la légalité des rétentions administratives alors que les frontières sont fermées. Ils s’appuient sur le fait que seulement 4,9% des 444 personnes enfermées depuis le mois de mars au centre de Cornebarrieu ont été expulsées, les rétentions administratives ne servent donc à rien. Le 8 novembre, le Collectif de soutien aux migrants 13 protestait devant le CRA du Canet à Marseille suite à la signature de 42 migrants d’un texte dénonçant les conditions indignes dans lesquelles ils vivent et les manques de protection sanitaire et d’hygiène probants. À Bordeaux, la Cimade (toujours) a tenté de prévenir les institutions publiques de la probable apparition d’un cluster au sein du CRA; celles-ci n’ont rien voulu entendre et des cas de covid sont apparus. Aux CRA de Lyon, Vincennes, Mesnil-Amelot, Marseille, plusieurs migrants ont entamé des grèves de la faim pour demander du gel hydroalcoolique, des masques, l’arrêt des violences policières, des conditions de vie dignes et la fermeture des CRA.

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Depuis le premier confinement, la Cimade s’égosille auprès des Préfectures et du gouvernement sur l’importance de fermer l’ensemble des CRA pour des raisons évidentes de santé publique. Pourtant nos gouvernants ne semblent pas vouloir changer d’un iota leur vision simpliste du problème complexe des migrations de population. Par leur bêtise politicienne à calquer le programme électoral de Marine Le Pen, de nouveaux clusters voient le jour dans les CRA et c’est nous tous qui sommes mis en danger.. Le virus lui n’a ni frontière ni murs pour le contenir.. Bravo la politique de facho !

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Sacha

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Site de la Cimade : https://www.lacimade.org/

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articles sources :

https://www.lacimade.org/greve-de-la-faim-symbolique-au-cra-de-cornebarrieu-la-retention-en-temps-de-pandemie-enfermer-pour-enfermer/

https://www.francebleu.fr/infos/societe/un-cas-de-covid-au-centre-de-retention-de-oissel-pres-de-rouen-des-retenus-refusent-de-se-faire-1599077188

https://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/6173464/marseille-la-tension-monte-au-centre-de-retention-du-canet.html

https://www.ledauphine.com/sante/2020/11/07/covid-des-tensions-au-centre-de-retention-de-lyon-saint-exupery

https://blogs.mediapart.fr/la-cimade/blog/261020/au-mesnil-amelot-enfermement-et-expulsions-priment-sur-la-protection-de-la-sante

https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/on-enferme-enfermer-au-centre-retention-toulouse-cimade-multiplie-recours-justice-1891798.html

https://www.lacimade.org/enfermement-en-retention-malgre-la-situation-sanitaire-et-des-frontieres-fermees-aux-expulsions/

https://rebellyon.info/Greve-de-la-faim-au-CRA-de-Lyon-Les-22705

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