Actualité internationale : Río Marañón, le fleuve vivant (par Spone)

 

 

 

 

 

 

RÍO MARAÑÓN, LE FLEUVE VIVANT

 

 

Spone est retourné au Pérou ! Il nous apporte des nouvelles du front Amazonique en lutte pour la justice sociale et environnementale !!!

Crédit photo : Spone / Stephanie Boyd / Leoncio

 

 

Depuis 2018, des ONG de défense des droits humains, avec des groupements d’avocats internationaux (amicus curiae) et locaux soutiennent Huaynakana Kamatahuara Kana, une fédération de femmes Cocamas (une culture d’Amazonie péruvienne vivant dans la région de Loreto), pour demander au gouvernement d’octroyer au fleuve Marañon (prononcer Maranione) des droits et une protection juridique face aux abus industriels, sociaux et environnementaux.

 

En effet, le Marañon est le fleuve qui a été le plus impacté par les fuites de pétrole (63 entre 1997 et 2019 sur le pipeline NorPeruano). La compagnie pétrolière PetroPeru est responsable de la majeure partie par leur négligence dans cette région de l’Amazonie.

 

Huaynakana, ONG et avocats se rassemblent à la sortie de l’audience pour la demande de création des droits du fleuve, à l’entrée de la cour de justice à Nauta – Pérou.

 
 

Emilsen Flores, membre de la fédération Huaynakana, raconte : « Les fuites de pétrole polluent nos forêts, nos plantes, l’espace dans lequel nous vivons. Nos poissons, notre faune et notre flore sont menacés de mort. Il y a de graves risques pour la santé, l’éducation et l’alimentation, car la pollution contamine les produits que nous mangeons. »

 

C’est donc le 9 novembre 2023 qu’a été déposée cette demande pour octroyer des droits au fleuve lors d’une audience à la cour de justice de Nauta à Loreto. La fédération de femmes Cocamas et les avocats qui la soutiennent se sont rassemblés, et face à eux, le gouvernement péruvien qui se défend à travers l’avocat de PetroPeru, le ministère de l’énergie, des mines et de l’environnement.

La demande contient plusieurs points : reconnaître les droits du fleuve Marañon à exister, à se déplacer, à être préservé de la pollution, protégé et restauré. Reconnaître les peuples natifs qui habitent le territoire et les rives du fleuve, ainsi qu’une maintenance efficace des pipelines présents.

 

Huaynakana et les avocats qui, tour à tour, argumentent et étayent la demande lors de l’audience. De nombreuses archives, preuves et articles de droit sont présentés.
 
 

Durant l’audience, Mariluz Canaquiri, une autre femme de la fédération Huaynakana, a interpellé l’avocat de PetroPeru à propos de leur négligence sur un site pétrolier vieillissant et dangereux. Aussi sur le fait que depuis 50 ans d’exploitation pétrolière sur leur territoire, les Cocamas continuent à vivre sans services basiques comme l’eau potable. Les profits s’échappent ailleurs…

 

Les avocats en soutien de la demande s’appuient sur de forts et nombreux arguments. En 2017, la Cour Interaméricaine des Droits Humains a reconnu pour la première fois comme droit autonome le droit à vivre dans un environnement sain. Un an plus tôt, une cour en Colombie a reconnu les droits « bioculturels » du fleuve Atrato. La sentence de la cour devrait arriver dans les jours prochains, mais des influences internes pourraient modifier le verdict.

 

L’avocat de PetroPeru se défend, son argumentaire est court et peu fourni. Il a été reconnu responsable par le passé de nombreux problèmes de gestion des pipelines.

 

 

Chaque fuite de pétrole force les habitants à boire de l’eau contaminée (absence d’eau potable), à manger du poisson contaminé, à se laver dans de l’eau contaminée, et même à arrêter de pêcher, leur principale ressource. Mariluz Canaquiri ajoute durant l’audience : « Dans notre culture, le fleuve Marañon est un être vivant. Les Cocamas ont une relation très intime avec lui, sous sa surface vit la Purahua, le plus grand serpent d’Amazonie et la mère des fleuves. La Purahua, la Yacumama et d’autres entités donnent la vie à ces poissons que les Cocamas ont pêchés depuis toujours. »

Ici chaque plante, chaque animal possède un esprit, une personnalité, une même intériorité que nous, les humains. Et la Purahua est la mère du fleuve, la mère de tout.

 

Durant la période de l’audience à Nauta, une fresque a été réalisée par Spone (de Lyon), Miguel Araoz, Casilda Pinche et Nelvis Paredes à Nauta en soutien à la demande. Elle représente la Purahua, cet être qui est un tout, animé de l’intérieur par ses habitants. 

 

SPONE

Sa page Facebook : https://www.facebook.com/onespone

.

.

Et si vous aussi, vous voulez contribuer à la Grande Aventure Foutou’art 🙂 ,

envoyez-nous un don, même 1€ !!! Via Paypal en cliquant sur le bouton ci-dessous :

.