Article : Mumia Abu Jamal, l’homme qui a battu le couloir de la mort (par Sacha)

Mumia Abu-Jamal, l'homme qui a battu le couloir de la mort

Mumia Abu-Jamal était un jeune journaliste noir de Philadelphie, très engagé dans le mouvement des droits civiques. En 1981, il est victime d’une machination judiciaire dont l’unique but est de le détruire et de mettre fin à sa vie. Accusé du meurtre d’un policier, accusation qu’il a toujours niée, Mumia a passé 30 ans dans le couloir de la mort, avant d’en sortir en 2011 grâce à une mobilisation internationale. Malheureusement, en 2021, il est toujours derrière les barreaux… et nous venons d’apprendre qu’il a été contaminé par la Covid-19.

Mumia Abu-Jamal a passé 30 ans dans le couloir de la mort de la prison d’État de Huntingdon, en Pennsylvanie (États-Unis). Journaliste radio et militant, il a été enfermé dans une cellule de la taille d’une salle de bain, 23 heures sur 24. Dans cet isolement total, il a dû se battre non seulement pour sa vie, mais aussi pour le symbole de résistance qu’il représente. Les détenus l’appellent « La voix des sans-voix ». Le système judiciaire et la police de Philadelphie, très proches de l’extrême-droite, ont cherché à le détruire, car en 1981, il était une figure montante de la lutte pour l’égalité des droits des Afro-Américains. Avant son arrestation, Mumia avait milité très jeune au sein des Black Panthers et était proche du mouvement écologiste non-violent MOVE, dont il retranscrivait régulièrement les manifestations à travers ses émissions radiophoniques. Beaucoup de membres du

MOVE furent emprisonnés ou assassinés dans les années 1980, comme le leader du mouvement, John Africa, qui périt en 1985 avec une dizaine de personnes (dont cinq enfants) dans un incendie provoqué par la police de Philadelphie, qui avait largué une bombe incendiaire sur leurs habitations.

Le travail de journaliste ne lui permettant pas de subvenir à ses besoins, Mumia fut contraint de trouver un petit boulot comme chauffeur de taxi. Le 9 décembre 1981, alors qu’il effectuait une tournée dans le sud de Philadelphie, il croisa son frère en mauvaise posture lors d’un contrôle de police. Une fusillade éclata dans des circonstances mystérieuses, et l’officier de police Daniel Faulkner fut tué. Mumia fut retrouvé assis sur le trottoir, agonisant après avoir reçu une balle dans le ventre, avec à côté de lui son arme de calibre .38. L’officier décédé était lié au syndicat FOP (Fraternal Order of Police), majoritaire au sein de la police de Philadelphie et connu pour ses liens avec le grand banditisme et l’extrême-droite. De nombreux rapports émis par le FBI ont dénoncé les activités du FOP. Aujourd’hui, ce syndicat est tristement célèbre aux États-Unis.

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Pour découvrir l’histoire du Move : move-thestory.com

L'officier de police Daniel Faulkner

Mumia mettra six mois à se rétablir, période durant laquelle il est sous la protection du corps médical. Son procès est qualifié de « déni de justice ». Le jury est trié sur le volet, tous les témoignages sont à charge, et Mumia se voit refuser la possibilité de se défendre seul. Le statut de juge d’instruction n’existant pas aux États-Unis, c’est à l’avocat de la défense de mener l’enquête. La défense coûte très cher, et comme de nombreux Afro-Américains, Mumia n’a pas les moyens de la financer. Le juge Sabo, qui a présidé le procès, est aujourd’hui connu comme le plus meurtrier des États-Unis ; il dira à propos de Mumia : « Je vais les aider à griller ce nègre. » L’autopsie du corps de Daniel Faulkner révèle que l’arme ayant causé sa mort n’est pas du même calibre que celle retrouvée en possession de Mumia. Cette preuve, qui pourrait disculper Mumia, n’est pas prise en considération. Les témoignages gênants pour l’accusation sont écartés, et le 3 juillet 1982, un jury composé uniquement de blancs le condamne à mort.

En 2000, Amnesty International a mis en évidence 70 raisons de droit qui auraient dû amener à la révision du procès. La lutte va durer 30 ans pour que Mumia Abu-Jamal puisse sortir du couloir de la mort. En 1995, puis en 1999, le gouverneur de Pennsylvanie (qui a le pouvoir de le gracier) signe deux ordonnances d’exécution, évitées de peu grâce aux mobilisations internationales. Suite à l’appel de Georges Marchais lors de la première ordonnance, 10 000 personnes se réunissent à Paris. Le collectif (très actif) de soutien Libérons Mumia ! est créé à cette date. Des appels à dons de différentes organisations lui permirent de financer ses frais de défense estimés à plus d’un million de dollars. Il faut attendre octobre 2011 pour que la Cour Suprême reconnaisse l’inconstitutionnalité de sa condamnation à mort. En décembre de la même année, sa peine est commuée en prison à vie.

Mumia gravement blessé après la fusillade

Cette bataille remportée ne signe pas la victoire. Dès 2012, la justice de Pennsylvanie lui interdit toute liberté conditionnelle et met fin à la possibilité d’obtenir de nouveaux recours. Quatre ans plus tard, atteint d’une hépatite, il plonge dans un coma diabétique. Refusant de lui administrer un traitement, l’administration pénitentiaire provoque un tollé international et se voit obligée de le soigner, ainsi que tous les détenus de Pennsylvanie atteints de la même maladie. Malgré sa grande vivacité intellectuelle, qui lui a permis de continuer son métier de journaliste et d’écrivain (même en isolement), Mumia est fatigué, esquinté par la maladie. Il ne souhaite qu’une chose : rentrer chez lui.

En 2018, suite à une succession d’audiences, la justice autorise (enfin) Mumia à faire appel de sa condamnation, chose faite l’année suivante par ses avocats. Nous sommes aujourd’hui dans l’expectative. La pandémie de Covid-19, qui fait des ravages dans les prisons américaines, risque de faire durer la procédure judiciaire encore des années. L’assassinat de George Floyd par un policier blanc a ravivé la flamme pour Mumia, mais cela n’est pas suffisant pour un homme qui a passé 40 ans de sa vie derrière les barreaux. Il est l’un des plus vieux prisonniers

politiques du pays. À 67 ans, il a plus que jamais besoin de notre soutien. Il est possible de lui envoyer des dons ou de commander ses ouvrages sur le site mumiabujamal.com, et des rassemblements sont organisés à Paris tous les premiers mercredis de chaque mois devant l’ambassade des États-Unis. Ne lâchons rien… libérez Mumia !

 

Sacha

Le site internet du Collectif de soutien à Mumia Abu Jamal, envoyez vos dons et commandez des livres ! https://mumiabujamal.com/v2/category/actualite/

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