La chronique d’Antonin Galano : Un bon prof est un prof mort (par Antonin Galano)

 

 

 

 

 

Après avoir côtoyé Platon durant 2 ans dans sa grotte, dans l’intention d’écrire un nouveau roman, Antonin Galano nous fait le plaisir de passer faire un petit tour du côté de Foutou’art ! Son humour incisif revient hanter notre code HTML afin de dénoncer la bêtise humaine, avec un léger soupçon d’humour noir !!! Aujourd’hui, il a décidé de s’attarder sur la condition des profs, qui malgré tous les a priori, n’ont pas un métier facile, en cette rentrée scolaire.

 

 

 

 

UN BON PROF EST UN PROF MORT

 

Je ne sais plus bien qui a dit ça, un rappeur sûrement, ou alors l’autre taré qu’a décapité Paty au couteau parce qu’il a causé des caricatures. Moi qui suis de gauche, c’est-à-dire que mes valeurs frisent avec le sublime et l’indiscutable, je ne peux que me féliciter à ce propos. Faut reconnaître qu’il l’a bien cherché, Paty. Il avait qu’à pas être islamophobe. C’est bien fait.

 

Un bon prof est un prof mort, donc. Ça fait sens. D’après un sondage tout à fait sérieux paru conjointement dans Libé et Femme Actuelle, il s’avère que personne ne peut saquer les profs. En effet, à la question « entre sauver un prof de la noyade ou jouer une partie de pétanque, que préférez-vous faire le dimanche après-midi ? », près de 112% des interrogés ont répondu « je vois pas le cochonnet, Patoche ». C’est énorme. Mais quelle est donc la raison de cette défiance ?

 

La première, amère madeleine de Proust qu’on a tous bâfré de force, c’est les treize ans d’instruction obligatoire, treize ans au cours desquels têtes blondes comme crépues se font concasser le cortex pour bien penser dans les clous, apprendre à baisser la tête en disant « oui, maître » et écarter la soupape en disant « tapez dans le fond, maître », compétences par ailleurs indispensables pour évoluer dans le monde du travail. Qu’on vienne pas dire après que l’école ne prépare pas à la vraie vie.

 

La seconde, c’est leurs quatre mois de congés annuels, contre cinq semaines pour le commun des esclaves. C’est pas des blagues. Sortez votre stylo et posez l’addition. Quinze jours en février, quinze jours pour Pâques, quinze jours à la Toussaint, quinze jours pour Noël et enfin, bien sûr, cerise sur le clafoutis, juillet et août complets. Le compte est bon, rangez vos affaires. Si vous ne parvenez pas à poser une addition ou tenir le stylo dans le bon sens, pas d’inquiétude. Ça signifie juste que vous êtes de la génération Z. Évidemment, un tel écart (quatre mois pour cinq semaines !), ça crée des jalousies. Sortez à nouveau votre stylo et posez la soustraction, vous verrez que c’est vraiment pas des blagues. Si vous êtes de la génération Z, restez sur TikTok. L’arithmétique, c’est qu’un truc de boomer de toutes façons.

 

Non content de jouir de ces vertigineuses latitudes, les profs sont de surcroît des flemmards. Tout le monde sait ça, de la même façon que tout le monde sait que les flics sont des assassins et les femmes des casse-couilles, surtout quand les anglais débarquent. Prof en somme, c’est la planque. Le comble, c’est qu’ils émargent à 5000 euros par mois minimum, d’après ma tante et mon garagiste. C’est du sérieux. C’est d’ailleurs pour ça que tout le monde se précipite pour devenir prof, tellement qu’on en cherche partout quitte à prendre n’importe qui, la bleusaille écervelée avec une licence postiche ou le quinqua vicelard qui se trimballe des accusations d’attouchements sur mineur. C’est pour ça aussi que la moindre classe de CE1 est blindée de 53 moutards. On croule sous les profs et c’est bien normal. Tout le monde veut sa part du clafoutis.

 

 

 

Faut reconnaître aussi que l’Éducation Nationale fait rêver dernièrement. Interdiction de l’abaya, retour de l’uniforme… Il manquerait plus qu’on rétablisse les châtiments corporels et ce serait un bond prodigieux de soixante ans en arrière. Ça met l’eau à la bouche, un parfum de Trente Glorieuses dans l’air. Si ça permettait de récupérer en prime le programme de l’époque, ce serait que du bonus. Peut-être que les minots de la génération Z parviendraient, dès la sortie du collège, à écrire leurs prénoms sans faire de fautes. Je sais ce qu’on va me dire : tu crois pas que tu risques de heurter leur sensibilité, aux 2000, de les insulter comme ça ? Ce à quoi je répondrais : y a plus de 300 caractères dans cette chronique, ils ont déjà décroché depuis lurette.

 

Tout ça me fait penser à un fait divers datant du 29 août dernier. Un enseignant de 36 ans s’est fait sauter le caisson quelques jours avant la rentrée, en plein sous le préau de sa nouvelle école à Saint-Bohaire, dans le Loir-et-Cher. Y a toujours des pourris-gâtés qui se rendent pas compte de leur chance. Bon. Après avoir filmé la scène avec leurs smartphones, les élèves des classes de CE2 et CM1 concernées ont célébré l’événement. Faut reconnaître qu’une école sans prof, c’est le paradis sur Terre. Un peu comme une assemblée féministe sans homme-cis, ou une société sans féministe.

 

La communauté enseignante du cru, le FSU-SNUipp41, a fait part de sa vive émotion suite à la tragédie. Bien sûr, comme à l’accoutumée, tout le monde est tombé des nues. Les profs, c’est un peu comme les voisins de serial killer, ils ont toujours l’air ahuri après un drame. « On comprend pas, il était si gentil, il disait bonjour aux poubelles et sortait les voisins, on aurait jamais soupçonné… » C’est pareil avec le harcèlement scolaire. C’est pas le petit Nicolas qui va me contredire. On notera au passage l’excellent boulot du rectorat de Versailles qui aurait menacé les parents d’intenter une action en justice pour dénonciation calomnieuse. À deux doigts d’envoyer les victimes de viol au tribunal pour « provocation sur mâle consentant ».

 

L’éducation en France se porte comme un charme, donc. Une enquête a démontré qu’à l’entrée en sixième, un élève sur deux est incapable de répondre à la question « combien y a-t-il de quarts d’heure dans trois-quarts d’heure ? »

 

On comprend mieux pourquoi les profs se suicident.

ANTONIN GALANO

Son Site : https://perturbateurdendoctrines.wordpress.com/

 

 

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