Le billet de Noura : Brexit (par Noura Mebtouche)

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Brexit, Grexit, les deux termes sont empruntés à la vibration médiatique malsaine qui, depuis plusieurs décennies tente de noyer le poisson à peine pêché de pauvres gens que nous sommes, hilares et débordants d’énergie lors des matchs de football mais ouvrant une bouche d’invertébrés, lorsqu’il s’agit d’enjeu économique et politique.

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Ils ont en commun, l’aspect  qui porte à la mise au premier plan du succès médiatique aussi pompeux qu’éphémère, et fait croire aux gens que derrière cette appellation se cache un de ces mystères politico-économiques très trouble, dont les sources ne peuvent être comprises que par un petit nombre d’initiés qui auront pris soin, avant le vote, d’informer les pauvres incultes que nous sommes.

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-Un nouveau grand soir ?

On aurait enfin grâce à la sagesse toute britannique (celle des Lords), trouvé la possibilité de mettre la Grande-Bretagne en avant dans la course à la révolution pour des raisons autres qu’industrielles.

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-Un profond remaniement des cartes européennes ?

Grâce à ce «sacrifice» de l’Europe réalisé, la Grande Bretagne deviendrait alors en mesure de «commander» dans le monde, mettant en avant sa spécificité, celle d’être avec les vainqueurs, les Amériques, ouvrant la voie vers une nouvelle perception de l’Europe plus atlantiste, donc forcément plus moderne et renouant avec le vieux rêve américain. C’est cependant, une version non suffisante : conforme à sa vocation par ailleurs bien confirmée par Churchill (maître à Yalta et à Postdam, régnant toujours avec les grands de ce monde, mais ayant néanmoins fait en sorte que l’appel du 18 juin par le Général de Gaulle se fasse chez lui), le Royaume-Uni, fort d’un Empire qui comme tous les membres amputés qui continuent à faire sentir leur présence après leur disparition, par un brusque retournement de situation dont il a le secret, finirait bien un jour par supplanter les États-Unis, autre empire qui monte déjà des signes de décadence et par finir par commander à nouveau dans le monde.

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-Un nouvel espoir pour ceux qui sont contre l’Europe ?

C’en serait fini de l’Europe et la sortie de la Grande-Bretagne marquerait le commencement d’une nouvelle ère économique, sans grand ensemble géopolitique sur la base d’États-nations : une thèse qui va à l’encontre de principes de fraternité entre les peuples, voie royale de l’après 45, mais qui est aussi celle de l’abandon de la coopération et de la mutualisation, nouvelles valeurs et normes découlant d’un XXIème siècle dont quelqu’un a dit qu’il serait un jour spirituel. Pour la première fois, il semblerait par ailleurs, que les institutions par ailleurs fort stables et fort loyales du Royaume-Uni soient attaquées de plein fouet par cette espèce de coalition quelque peu sournoise, qui a mis en place la spéculation sur le franc en 1993 et a ainsi fortement menacé notre monnaie et sa parité avec le Deutschmark, a poussé la France à la déréglementation bancaire et surtout à la banque universelle (décloisonnement) en 1984, construisant la première brèche dans notre système financier et monétaire international, allant jusqu’à détruire le très stable et honorable Banking Act de Roosvelt en 1933, pour faire la même chose aux États-Unis, sur fond de scandale Monica Lewinski, encore un de ces coups médiatiques pompeux dont l’Amérique a le secret.

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Aujourd’hui c’est aux institutions du Royaume-Uni que l’on s’attaque, celles d’une Angleterre qui, malgré ses velléités parfois hégémoniques historiques qui ne demandent qu’à revenir, a su faire ses preuves en matière de cohérence, de stabilité et d’intégrité. 

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Par exemple : un nouveau projet de loi vise à supprimer la nomination des Lords par la reine. Dommage, voilà une institution qui risque d’en perdre sa nature profonde qui est de réguler, avec sagesse et précaution au profit désormais des intérêts des plus forts ceux qui ont su « payer cash », pour faire élire leur valet le plus servile, à leurs intérêts.

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Il est encore trop tôt, comme semblait nous avertir Tocqueville pour faire de la démocratie trop directe, cela s’apparente à du populisme.

De la même manière, la présence du royaume Uni au sein de l’Union Européenne même hors zone euro, est une garantie de paix et des stabilité mondiale, ainsi que d’équilibre des forces géopolitiques.

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Tout comme pour la révolution, (voir les dates), la Grande-Bretagne partage avec sa proche voisine, de culture et de linguistique, l’Amérique la spécificité d’être toujours en avant, dans la pointe du progrès et toujours dans les premiers pays à innover. En étant la première à quitter l’Union européenne, elle serait donc fidèle à sa philosophie d’ être celle qui se distingue et montre la voie. Rien de tout cela.

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En fait ce qui se cache derrière l’apparente bonhomie de ce Brexit tant déclamé sous toutes ses coutures n’est rien d’autre qu’un vieux relent de cette ambition bien britannique d’embrasser le monde du haut d’un piédestal qu’elle retira autrefois de son grand empire colonial, avec à sa tête un William Churchill tout avide d’obtenir la reconnaissance d’ un empire américain content d’avoir un allié sur le continent européen. 

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Autrement dit, la vieille dame de fer renforcée par l’Ecosse et l’Irlande, ne se serait pas encore guérie de sa vieille habitude de graisser la patte des autres avant de les écraser d’un pied rageur et final, une fois obtenu ce qu’elles cherchaient… C’est du moins ce que l’on fait croire aux partisans anglais d’un Brexit, en agitant devant eux, la paille illusoire d’une vieille suprématie mondiale de la part du Royaume-Uni sur le monde, grâce à un retour vers les origines du monde anglo-saxon actuel : celui des migrations des populations de la grande île, vers l’outre-atlantique.

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Mais cette ambition n’est qu’illusoire, elle ne saurait se réaliser. Nous ne risquons rien d’autre que d’élargir encore davantage le fossé entre riches et pauvres et le mur (celui de Wall Street) d’incompréhension entre deux parties du monde : celle de ceux qui commandent grâce à l’argent d’un capitalisme qui n’a rien à voir avec le libéralisme des « Lords » car, sans aucune vision à long terme en matière de civilisation et de construction économique. Il faut savoir caresser le Royaume-Uni (nous le savons bien nous français), dans le bon sens, celui du pelage d’un chat élégant et racé qui n’apprécie guère la vulgarité et la grossièreté, surtout celle qui ressort de mauvais choix économiques ou politiques. Dans ce cas, les anglais apprécieront de rester dans l’Europe, qui leur procure un avenir politique et une agriculture sereine.

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En Europe du Sud par contre, il serait bon que l’on se penche sur les véritables volontés des uns et des autres, avec Podemos qui sera peut être bientôt au pouvoir en Espagne ou encore, la Grèce mécontente. Il faudrait que le groupe des pays d’Europe du sud sorte de la zone Euro pour mettre en place un nouveau mode de gouvernance par  l’économie réelle et le nouvel alignement monétaire avec les pays les moins développés.

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La France, c’est ce que nous pensons, peut jouer ce rôle. 

Pendant ce temps, le Royaume-Uni pourrait continuer à nous regarder de très haut, jusqu’à ce que nous méritions, nous, européens, que cette dernière daigne à mettre en place des accords monétaires avec nous, européens et le reste du monde (1). Mais, tout, sauf à laisser les éternels saccageurs de toute civilisation ou politique à long terme, humaniste, et pour l’intérêt général, et non pas de quelques uns, s’emparer du pouvoir. Pourquoi pas un “euro or”,  sorte de monnaie commune à la fois symbolique parce que représentative d’une nouvelle Europe plus sage économiquement (rapport à l’environnement et à des rapports économiques égaux) qui s’ajouterait aux monnaies préexistantes (à chaque pays sa monnaie et sa parité qui traduit l’étende sa propre économie habilitée à être au niveau que mérite chaque pays dans un nouveau paradigme qui inclut l’échange égal).

( Ce serait une autre façon de faire revenir le “gold exchange standard” , l’or représentant cette fois-ci une économie saine, sans externalités négatives).

1) Nous invitons ici notre lecteur à se pencher sur nos autres articles sur UPAL999.blogspot.com.

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Noura Mebtouche

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