Expression libre : Quelles voies suivre après le Brexit ? (par Noura Mebtouche)

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Les nouvelles perspectives qui s’ouvrent dans le cadre de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. exigent une clarification et une prospective sur le nouvel ordre mondial que provoque cet événement. 

Il convient notamment d’évoquer à ce sujet la question de la sécurité européenne et de son devenir, ainsi que des bouleversements qui peuvent s’opérer en la matière, par la formation de nouvelles alliances.

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Les changements sur le plan géopolitique

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Jusqu’ici, l’idée d’une défense européenne incluait le Royaume-Uni dans sa logique même si cette dernière n’était pas clairement affirmée (on évoque ainsi l’idée d’une possible armée de défense européenne un jour ce avec quoi nous sommes contre, sans mettre en avant les multiples possibilités qui s’offrent en matière de coopération mutualisation des forces armées en présence dans chaque État. Seule la diplomatie est réellement active. Cela n’enlève rien au fait que des accords militaires bilatéraux ont été signés entre le Royaume-Uni et la France.

Les traités du 2 novembre 2010 visent à renforcer la coopération franco-britannique dans le domaine de la défense et succède à celui conclu en 1947 entre les deux pays.

Le premier est « relatif à des installations radio-graphiques et hydrodynamiques communes ». Il concerne le développement et l’emploi des armes nucléaires.

Le deuxième est une « coopération en matière de défense et de sécurité ». Il concerne « le déploiement et l’emploi des forces armées », les « transferts de technologies » entre les deux industries de l’armement, les programmes d’achats d’armements, les échanges d’informations (Traité de Londres ou Lancaster House).

L’UE dispose cependant d’outils performants par l’intermédiaire de la politique européenne de défense et de sécurité (PESD)

Ces accords résultent à la fois d’une volonté politique de coopération de la part des États membres et de contraintes budgétaires qui les incitent à mutualiser les dépenses.

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Si l’UE dispose d’instruments performants, elle doit cependant répondre à deux défis à court terme :

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– Améliorer sa capacité de planification stratégique.

– Répondre de façon concrète aux lacunes capacitaires identifiées.

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Elle reste quoiqu’il advienne étroitement soumise à l’OTAN.

Les textes ont toujours été clairs à ce sujet, la PSDC n’a pas pour vocation à se substituer à l’OTAN ni même de s’arroger quelconque de ses prérogatives. Les accords de « Berlin plus » signés le 17 décembre 2002 ont donc été conclus pour éviter les duplications inutiles et mettre à disposition de l’Union européenne certains des moyens de l’OTAN lorsque celle-ci en a besoin, notamment un état-major d’opération (SHAPE) au niveau stratégique.

Toutefois, le traité prévoit une clause de solidarité qui indique clairement son ambition de ne pas interférer avec les autres politiques de défense collective.

Tous les États membres participent à la PSDC, sauf le Danemark qui a explicitement exprimé sa non-adhésion à la PESD (opt out) lors du Sommet d’Édimbourg, en décembre 1992.

Il faudrait pour être plus opérationnels; devenir plus autonomes pour mettre en place la politique de dissuasion finale (démantèlement nucléaire), être capable de mener des prospectives et une véritable stratégie à long terme, afin d’anticiper les bouleversements mondiaux qui se produisent notamment face à une Allemagne qui outre sa vocation à devenir une nouvelle place forte financière mène des tractations diplomatiques vis à vis des pays de l’Est et de la Russie notamment avec le Caucase, en douce afin de “sauver ses meubles” en cas d’échec de l’Union européenne.

Pour cela, il conviendrait de mettre plus souvent en application et de rendre plus opérationnelles les possibilités ouvertes par les articles 42 et 43 du Traité de Lisbonne en cas de crise, chose qu’a demandé le président François Hollande lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris : cette requête est soumise le 17 novembre 2015, lors d’une réunion des ministres de la défense des États membres (clause de solidarité européenne).

Cette requête est soumise le 17 novembre 2015, lors d’une réunion des ministres de la défense des États membres.

Le Royaume-Uni s’oppose à une remise en cause de la suprématie de l’OTAN dans le règlement des différends.

Ceci a été préjudiciable à la mise en place d’une véritable logique de défense commune proprement européenne avec sa stratégie à elle.

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En d’autres termes, la politique de défense européenne est soumise à l’OTAN gouverné par les États-Unis. Or, une telle vision (qui ne saurait être supplantée par une ouverture concurrente avec la Russie et les pays de l’Union eurasienne naissante comme le fait l’Allemagne) ne saurait non plus s’y substituer. Ce qu’il faut pour qu’il y ait la paix dans le monde c’est que les accords entre les parties se fassent sur la base d’une volonté de paix , sans stratégie de domination.

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Maintenant que le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union européenne, c’est la porte ouverte à une nouvelle fracture mondiale avec d’un côté une alliance atlantique patronnée par les USA à vocation belligérante et économique, de l’autre l’Eurasie avec une politique résolument antiOTAN qui, en cas de délitement de l’UE se verrait adjoindre Allemagne et d’autres États limitrophes (nombre d’accords se préparent en douce dans ce sens avec une initiative allemande).

Le continent africain, laissé de côté en ferait encore une fois les frais.

Seule la France qui a déjà signé deux traités d’accord militaire avec le Royaume-Uni, qui fait partie de l’OTAN, peut, à condition de ne rejoindre aucun des deux camps, obliger les États au maintien d’une paix mondiale en entraînant dans son sillage, les pays d’Europe du sud qui veulent bien suivre la politique du nouvel alignement monétaire et économique et le continent africain, prolongeant ainsi la logique de paix et de construction qui depuis 1945 fait son chemin à travers l’ONU et ses différentes institutions et nous obligeant à nous y maintenir.

La France et dans une certaine mesure le Royaume-Uni, y trouveraient l’occasion d’appliquer dans ce cadre, leur politique de coopération sage en faveur de la Paix :

Dans un communiqué publié à l’issue du sommet de Lancaster House, les gouvernements français et britannique déclarent : « Nous [France et Royaume-Uni] sommes déterminés à jouer un rôle leader en matière de sécurité et de défense. La sécurité et la prospérité sont indissociables. » Il souligne « un niveau de confiance mutuelle sans précédent dans notre histoire », la nécessité de « faire face ensemble à de nouveaux défis tels que la prolifération des armes de destruction massive et des missiles balistiques, le terrorisme, les cyberattaques... » d’avoir « des capacités de défense robustes, qui puissent être déployées rapidement et puissent agir ensemble et avec un grand nombre d’alliés »

Le Royaume-Uni a, dans son histoire prouvé à mainte reprises qu’il pouvait œuvrer à une vision humaniste de la politique extérieure , son rapprochement désormais possible avec la politique menée par les États-Unis d’hégémonie et de commandement peut contribuer grâce à une diplomatie active qui œuvre dans ce sens à « défaire » l’OTAN de ses prérogatives.

La création de l’étoile française qui mise sur la coopération/ mutualisation plus active en matière de renseignements et d’anticipation et qui implique fortement le continent africain fort d’un peuplement et de capacités importantes en matière de Paix et de développement civilisationnel s’avère dans ce cadre, indispensable. Ses relations avec le Royaume-Uni devraient dans le cadre de cette logique se maintenir dans le cadre bilatéral dans lequel les services français ont œuvré depuis le début des années 2000.

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Par ailleurs, cette dernière devrait contribuer à impliquer de plus en plus fortement les États du Sud notamment du continent africain, dans sa politique de défense et de sécurité sur une base égalitaire.

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A Court terme :

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– La mise en place d’une politique de « chape » de dissuasion finale en matière d’armement nucléaire sur la base du matériel déjà existant (mutualisation coopération).

– Une réactivité plus importante de l’application article 42(7) du traité sur l’Union européenne contenant la clause de solidarité européenne.

– A moyen terme : le renforcement des initiatives en matière de prospective et de politiques anticipatives à long terme dans une vision de Paix durable. (carré CODA : contemplation, observation, décision, action).

-A long terme : la mise en place d’une politique diplomatique, économique et culturelle propice à la construction ‘alliances (voir le cas français).

Deux outils sont dans ce cadre à privilégier :

– Interpol pour la transparence et l’information.

– L’OSCE, au sein de laquelle l’ensemble des pays peuvent réfléchir à une logique de Paix, l’Europe étant le siège des conflits les plus durables (Caucase, Asie centrale).

Deux outils crées dans le cadre de l’étoile française et de la construction des alliances peuvent œuvrer dans ce sens : le Haut conseil de la transparence européenne et internationale en matière de renseignements et le dialogue avec les représentants des grandes institutions religieuses.

On ne saurait dans ce cadre, se passer de l’Union européenne car se remettre à fonctionner sur la base des États nationaux est un leurre dont nous devrions porter le fardeau.

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Citons ainsi les réponses de Daniel Cohn Bendit et Sylvie Goulard (députée européenne) lors de l’entretien accordé à Libération (24 juin 2016) sorti juste après le référendum en Grande Bretagne.

Sylvie Goulard : « L’union est faite par les États, or plus aucun responsable politique n’est prêt à aller plus loin » : De fait, le projet européen est en déshérence. Mais attention au piège, si l’Union s’effondrait, les États européens qui se sépareraient n’en sortiraient pas grandis.  Il est illusoire de croire que nous avons le choix nette, d’un côté une voie européenne et de l’autre une voie nationale. Sur bien des sujets, la voie nationale est une escroquerie ou, au mieux une nostalgie. La chute de l’ UE entraînerait les États à sa suite car il y a une interaction entre les deux. Le comportement des générations au pouvoir rappelle celui des enfants gâtés de familles fortunées : le fils l’entretient, le petit fils se laisse vivre et dilapide le patrimoine.

Daniel Cohn Bendit : « Quand j’entends les ministres de l’Intérieur affirmer clairement que l’Europe est un échec en de lutte antiterroriste alors que les Etats refusent de lui donner des compétences dans le domaine de la police et du renseignement, c’est fort de café. Il faut sortir de ce cercle vicieux. Aujourd’hui on est dans la situation de ceux qui ont lancé l’Europe dans les années 50 : ils n’étaient pas majoritaires mais ils ont tenu le coup. Ils sont partis à la conquête idéologique des sociétés. Il ne fait pas reculer. Il faut briser cette armure d’illusions sur la capacité des États à agir dans un monde qui n’est plus celui des années 20.

Interview donné par Jean Quatremer, ex correspondant à Bruxelles.

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Quels risques court le Royaume Uni suite au Brexit ?

-Une baisse de la livre sterling et de sa puissance, (départ des capitaux pour Francfort, nouvelle place forte monétaire et financière). Dans ce cas précis, le Royaume-Uni sera peut-être content de nous rejoindre cela sera encourager les accords bilatéraux avec la France dans la logique du nouvel alignement.

-Une nouvelle vague de revendication indépendantiste Ecosse, Pays de Galles, Irlande et Londres. Il y aurait donc dans ce cas affaiblissement du Royaume-Uni.

Une mise à l’écart des anglais vis-à-vis de leur propre continent géographique. Dans ce cadre, il faut  faire perdurer les accords bilatéraux avec la France.

Que risquons nous ?

-Une défaillance de note système de coopération-mutualisation en matière de défense, et un nouvel atlantisme. Dans ce cadre, le Royaume-Uni, « pour se rattraper » devrait reprendre la main et redevenir le grand frère des Etats-Unis.

-Une scission du monde en trois grands ensembles : bloc anglo-saxon dominé par les Etats-Unis, bloc européen dominé par l’Allemagne et bloc est dominé par la Russie et la Chine. Dans ce cadre, il faut contrebalancer ces rapports de force mal équilibrés et fondés sur la domination en :

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– Encourageant à l’ouest, une gouvernance panaméricaine (reprendre le rêve d’une plate forme panaméricaine qui grâce à l’entremise du Royaume-Uni qui favoriserait la mise en place progressive du nouvel alignement à l’ouest : deux facteurs peuvent concourir à un tel état de fait :

– Premier facteur : le maintien d’accords bilatéraux avec la France sur la base d’une parité à égalité (Liberté-Livre Sterling). Voir notre idée de politique monétaire sur le lien suivant :

https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=8885711673651738235#editor/target=post;postID=7178159334973220705;onPublishedMenu=overview;onClosedMenu=overview;postNum=1;src=link

– Deuxième facteur : Une politique de « renversement de la doctrine Monroe » (1823), qui autorise une gouvernance où les pays d’Amérique Latine non alignés prennent le dessus sur la gouvernance capitaliste américaine et se rapprochent du modèle européen.

Ils le peuvent, car il sont habitués au modèle de réencastrement économique. Ces derniers peuvent être notamment encouragés par la présence française dans ces territoires d’outre-mer proches du continent américain (Antilles et Caraïbes), il faut donc renforcer la présence de la France et des pays d’Europe du Sud, dans cette zone du monde.

Sur le plan de la défense et de la sécurité, la politique de « dissuasion nucléaire finale » devrait porter ses fruits, n’oublions pas que des accords bilatéraux militaires entre la France et le Royaume-Uni peuvent contrebalancer la puissance hégémonique de l’Allemagne.

Les deux pays seraient encore une fois le point de centralité d’une politique internationale fondée sur la remise en cause de la mise en valeur de la guerre. Parallèlement, la politique française vise également à mettre en avant l’introduction de plus en plus forte de l’Afrique dans cette politique sur la base du paradigme du nouvel alignement.

– Faire en sorte qu’à l’Est, les États soient de plus en plus nombreux à rejoindre les non-alignés (base Liberté et Europe du Sud), la pression occasionnée par la politique allemande et sa suprématie financière, étant de plus en plus difficile à soutenir. Le Royaume-Uni joue ici un rôle d’arbitre au sein de la zone géographique Europe, ne rejoignant à nouveau l’Union européenne que lorsque sera mise en place en tant que monnaie commune l’Euro-or (économie réelle). La livre-Sterling deviendrait conformément au souhait de William Churchill, le nouveau référent (lieu et place de l’étalon-or) de l’échantillon des monnaies de la zone non alignée devenue peut être si le processus réussit mondiale, sorte de « gardienne du temple » du nouvel ordre économique mondial.

– Au Sud créer une véritable cohésion des États du Sud en favorisant l’alliance du sud, incluant tous les pays de l’Europe du Sud et toute l’Afrique pour « aller vers »  le centre des conflits, vers « Jérusalem » en incluent la péninsule arabique dans son réseau d’alliances par la diplomatie.

Avoir une politique moins conciliante vis-à-vis de la Turquie : notamment vis-à-vis de l ‘Arménie et de la cause des Kurdes : Tous deux se rapprochent dangereusement du bloc Est avec la Russie, (voir politique allemande de rapprochement aussi en sous main avec bouleversement des données et des rapports de force suite au Brexit).

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Noura Mebtouche

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