Un peu d’Histoire : La guerre d’Algérie (par Leïla)

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Commençons par un rapide survol historique

 

De par sa large ouverture sur la Méditerranée, l’Afrique du nord est depuis la haute antiquité un lieu de transit et d’échange de marchandises de nombreuses provenances. En 202 av JC, elle est gouvernée par les numides, peuple berbère, qui commerce avec les phéniciens. Ceux-ci y installeront les premiers comptoirs commerciaux. Puis c’est la conquête romaine en 40 av JC, qui s’empare de 8 provinces. C’est de cette période que date le terme « AFRICA », qui initialement désignait la région de Carthage. Puis c’est l’Empire Byzantin qui en prendra le contrôle jusqu’au VIIème siècle. EN 647 commence l’islamisation de la région, qui s’achève en 709. Au XVIème siècle, c’est au tour de l’Empire ottoman, qui en gardera le contrôle jusqu’ au XVIIIème siècle. L’Algérie et l’Egypte réussissent cependant à acquérir une véritable autonomie. Et enfin la France en 1830, jusqu’en 1962.

 

 

Sous le second empire, la conquête de l’Algérie étant achevée, Napoléon III accorde en 1865, par décret impérial, la nationalité française à tous les natifs d’Algérie. C’est en 1870, sous la IIIème république, que le décret de Crémieux pose les racines du mal qui va ronger l’Algérie. Par ce décret, la nationalité française est accordée aux indigènes de confession juive, ainsi qu’aux colons originaires de différents pays d’Europe, mais les musulmans qui veulent accéder à la nationalité française, doivent renoncer à leurs pratiques religieuses considérées comme non compatibles avec les lois républicaines. De toute façon, les obstacles administratifs s’accumulent à tel point devant ceux qui sont prêts à faire toutes les concessions possibles, que fort peu aboutissent. Pas même les Kabyles convertis à la religion chrétienne.

De fait, les algériens musulmans, bien que soumis à l’impôt et au service militaire, ne bénéficient d’aucune des protections que la loi accorde à tout citoyen, pas plus que la liberté d’entreprendre et de circuler à leur guise. Une population donc, exploitable à souhait. C’est à cette époque que s’ouvre une période de colonisation intense, par le biais d’octrois de terres à des migrants pauvres. Tout d’abord proposées à des natifs d’Alsace Lorraine fuyant l’empire allemand, puis d’Espagne, d’Italie, de Malte. Des terres qui, pour la plupart n’ayant jamais été cultivées, demanderont un travail acharné avant d’y produire essentiellement du blé et de la vigne.

Dans les années 1930 deux voix se font entendre dans la population musulmane. L’une, minoritaire, demande l’indépendance, tandis que l’autre réclame une complète réforme. En 1943 Ferhat Abbas publie le « Manifeste du peuple algérien » et crée  «  l’Union démocratique du peuple algérien ». Dans le même temps, naît le « mouvement pour les libertés démocratiques » sous l’impulsion de Messali Hadj. 

 

Portrait de Messali Hadj

 

En 1944, le gouvernement transitoire d’Alger prend une étrange décision « d’ouverture ? » Sur les 8 millions de musulmans que compte l’Algérie, seuls 70 000 seront naturalisés, aggravant un peu plus de ce fait, les fractures au sein de la population.

En mai 1945, C’est le massacre de Sétif. Un défilé est organisé pour célébrer la fin de la Seconde guerre mondiale. Les nationalistes algériens veulent profiter de l’audience de cette manifestation, pour faire entendre leurs revendications et en obtiennent l’autorisation. Un policier tue un jeune homme qui tient à la main un drapeau de l’Algérie. Ce qui va déclencher de nombreuses émeutes et des agressions de la part des manifestants. L’armée est appelée à la rescousse. Les 20 à 30 000 morts de cette tragédie ne seront même pas recensés.

Sous la IVème république, le gouvernement crée une assemblée algérienne sur laquelle les grands propriétaires terriens ont la mainmise et dont le premier scrutin aura été littéralement truqué. Le massacre de Philippeville et ses 1273 victimes innocentes va marquer un tournant décisif. Nombre de ceux qui revendiquaient une simple réforme vont rejoindre le front de libération nationale qui prône l’indépendance pure et simple de l’Algérie.

 

 

En 1956, Guy Mollet accorde leur indépendance au Maroc et à la Tunisie. En Algérie, les grands propriétaires terriens, ne veulent ni réforme ni indépendance et c’est vers la fin de cette année 1956 que commencent les premiers attentats aveugles revendiqués par le FLN. En 1957 Guy Mollet donne les pleins pouvoirs au général Massu et ses procédés ; tortures, exécutions sommaires, détentions clandestines… Après neuf mois et 3024 disparitions suspectes, il ne reste plus beaucoup de responsables du FLN. A la victoire que le général Massu remporte à la bataille d’Alger succède la découverte par les français de métropole de l’atroce rapport d’une commission d’enquête publié en 1957 par le quotidien « Le Monde » sur les pratiques du colonel Massu. Le journal sera bien évidemment saisi.

 

 

En 1959 De Gaulle reconnaît le droit à l’autodétermination du peuple algérien, contre l’avis des généraux qui organiseront un putsch à Alger, au printemps 1961. En octobre de cette même année, Le FLN décide de boycotter le couvre-feu auquel sont soumis les nord-africains résidant à Paris. Une manifestation pacifique est organisée et femmes et enfants s’y sont joints. Les policiers font feu. Comme d’habitude, les morts ne seront pas recensés.

Les huit années de guerre d ’Algérie prendront officiellement fin, le 19 mars 1962. En avril le général de Gaulle soumet la question de l’indépendance de l’Algérie par voie de référendum, au suffrage des français de métropole, qui se montreront favorables à l’indépendance à 90%. Puis la question est soumise à l’ensemble des algériens, qui se montrent massivement favorables. Le 5 juillet 1962, l’indépendance est proclamée.

 

Pour les Harkis, commencent les représailles et rares sont ceux qui trouveront un refuge en France. Pour les pieds-noirs (terme venu de métropole et dont il semble qu’on ait perdu l’origine) commence l’exode. 700 000 français d’Algérie affluent en quelques mois en métropole. A l’arrachement de la terre natale viendra s’ajouter une hostilité méprisante des français de métropole.

 

Note de la correctrice : Apres avoir mené mon enquête, il semblerait qu’à l’origine le terme pied-noir désignait les Arabes d’Algérie par référence aux chauffeurs de bateaux algériens travaillants pieds-nus dans la soute à charbon puis il s’est appliqué aux Français nés en Algérie en référence aux guêtres portées par les soldats français (mais étymologie incertaine..).

 

Leïla

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