Antoine est décédé.. dans la solitude et l’indifférence
Pour vous abonner, rendez-vous sur : https://foutouart.fr/inscription/ et pour découvrir notre boutique en ligne : https://foutouart.fr/la-boutique-du-foutouart/
Antoine est décédé.. dans la solitude et l'indifférence
Il y a des jours où l’on constate que quelque chose ne fonctionne plus dans notre société moderne. Antoine est mort seul chez lui, à Villeurbanne, dans le Rhône. Oui, certains diront que c’est la fatalité de chacun, mais Antoine est mort sans proches ni dispositifs de l’État pour s’inquiéter de son absence. Il est resté ainsi, dans son logement, pendant des mois, en état de décomposition avancée, sans personne à ses côtés pour lui offrir une fin digne.
Pourtant, Antoine était une figure du quartier, une personne « haut en couleurs » qui ne passait pas inaperçue avec sa silhouette, ses onomatopées incontrôlées et sa façon unique de s’exprimer, reconnue et appréciée des commerçants et des voisins. Il rendait volontiers des services aux personnes en situation de handicap du quartier (dont mon défunt père…).
C’est au cours de l’été dernier que son corps a été retrouvé, momifié, seul. Le voisinage s’était plaint des odeurs nauséabondes qui se répandaient dans l’immeuble. Pendant des semaines, personne ne s’est soucié de l’absence d’Antoine. Ce constat est glaçant : malgré l’illusion de l’hyperconnectivité, notre monde tend vers l’isolement.
Ce n’est la faute de personne en particulier, mais d’un système économique et social qui nous épuise et nous isole. Il encourage l’individualisme, l’indifférence et l’absence d’empathie, et pousse une majorité d’entre nous à se replier sur nos écrans pour fuir une réalité qui ne vend pas du rêve, au point d’oublier les autres — surtout celles et ceux qui vivent déjà dans une profonde solitude, et pourtant si proches de nous.
Selon le site Petits Frères des Pauvres, aucune donnée étatique concrète ne permet de comptabiliser le nombre de morts en situation d’isolement chaque année, mettant en lumière la négligence des pouvoirs publics face à ces tragédies.
Mais, en 2025, il est inacceptable de valider l’expression d’Orson Welles : « On naît seul, on vit seul, on meurt seul », alors que l’isolement social pourrait être largement évité dans des pays tels que la France, grâce aux moyens humains et financiers à sa disposition.
La question à un million : que fait l’État pour s’occuper des plus démunis ? Il rabote dans les caisses des services sociaux… Il faut bien les trouver quelque part, ces 200 milliards d’euros de cadeaux fiscaux offerts aux plus riches — en laissant des gars comme Antoine mourir seuls, dans l’indifférence générale.
Triste monde. Il serait peut-être temps de repenser nos liens et de reconstruire une société plus attentive et bienveillante, parce qu’au fond, Antoine, demain, ce sera peut-être toi.
Une pensée pour toi, Antoine. Que la paix t’accompagne.
Sacha
Photographies de Denis Caye

