La chronique de Noura : Le port d’arme n’est pas obligatoire (par Noura Mebtouche)

Faut-il interdire le port d'armes aux Etats-Unis ? (Duck)

Faut-il interdire le port d’armes aux Etats-Unis ? (Duck)

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Pendant que, aux États-Unis, les citoyens se font massacrer par des déséquilibrés mentaux munis de tous les autorisations officielles leur permettant de détenir des armes, faute de véritable politique intérieure de sécurité, les États-Unis continuent, à mener une politique extérieure hégémonique sans souci des conséquences à long terme cherchant dans un timing minuté à l’avance, à asseoir de nouveaux dirigeants à leur solde, pour ensuite laisser tomber la zone soumise aux pires turbulences afin de pouvoir revenir plus tard ayant ainsi,  maintenu leur position de force.

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Verso du Grand sceau des États-Unis, lequel représente le pouvoir de l’État Fédéral.

C’est par les armes que les États-Unis courent à leur perte…
Ainsi, le dernier massacre qui a eu lieu dans ce pays ne peut laisser insensible. Il est une nouvelle réponse au massacre précédent, qui a laissé l’Amérique et le monde entier béants d’effroi : celui de Charleston (17 juin 2015).
C’est donc, d’abord par la résolution définitive de ce problème du port d’armes par une partie importante de la population que les États-Unis doivent répondre.
Cette problématique fait écho à une autre, récurrente depuis que, après 1945,  l’hégémonie des États -Unis dans le monde est devenue incontournable.
Ce n’est pas avec les États-Unis que se règlent les conflits de nature internationale mais sous leur empire, entretenant en même temps une situation économique qui leur permet de ne pas construire leur économie pour de vrai, préférant vivre sur le dos des autres économies, grâce à l’économie d’endettement et l’hégémonie d’un dollar qui sans cette suprématie ne vaudrait pas grand chose.
On le sait, aux États-Unis, le Président a du mal à gouverner pour de vrai. C’est le rapport entre les institutions et notamment la toute puissance du Congrès qui l’en empêche.
Ainsi, les américains ont ils cru bon après avoir réélu Barack Obama, démocrate, le 6 novembre 2012, de faire élire un Congrès à majorité conservatrice :  c’était couper les bras au président sortant d’emblée.
Est ce une stratégie du peuple américain pour, en l’absence de mesures suffisantes et concrètes, faire bouger les choses en mélangeant les genres ou bien faut il y voir comme nous le craignons à la lumière des candidatures qui ressortent en prévision des prochaines élections; des candidatures populistes issues des couches les moins éclairés de la population américaines un manque d’intérêt de l’ensemble des américains pour des élections autres que charismatiques, comme l’est la présidentielle ?
Il est vrai que le constat est le même de partout, et que les essayistes rivalisent d’ouvrages ou d’articles publiés pour nous expliquer le malaise des démocraties occidentales face au fait économique dit libéral, mais on doit bien reconnaitre que en Amérique, le problème est d’autant plus grave que, oublieuse pendant des décennies de sa politique intérieure, l’Amérique n’est, nous osons le dire, pas encore construite.
Or, si dans ce pays, des individus douteux qui devraient avoir été remarqués depuis longtemps ont la possibilité de détenir des armes, et un jour, sur un coup de tête, massacrer des foules, sans distinction d’âge, c’est parce que les États-Unis n’ont pas su engager les réformes nécessaires qui devraient permettre au Président sortant et à un cercle majoritaire bien construit, présent au Congrès, de mener ensemble, dans la Fraternité, une politique de sécurité intérieure commune.
A trop vouloir cerner les problèmes des pays extérieurs, les États-Unis ont fini par être gouvernés en quelque sorte par l’armée, munie de son unité de choc : la CIA, véritable État dans l’État qui fait fi des efforts poursuivis par ailleurs par d’autres, des politiques soigneux et méticuleux, ayant contribué dès les années 30 à faire de ce pays une unité au delà de la diversité munie d’un autre corps d’élite : le FBI qui, si on ne lui avait pas coupé les ailes, aurait peut-être su déceler les identités douteuses qui ont conduit à de tels massacres.
Combien d’autres massacres vont-ils encore avoir lieu ?

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Un vote pour le peuple américain tout entier et pas pour des lobbies

Les États-Unis ont donc besoin d’une réforme de leurs institutions fédérales ainsi que d’un profond remaniement qui donnerait à ce pays, un nouveau projet commun et collectif au delà des diversités.
Il faudrait obliger le Congrès  à former une majorité présidentielle.
Pour cela, il faudrait une réforme importante constitutionnelle de nature qui obligerait les élections du Congrès américain à s’aligner sur celles de la Présidence, à avoir lieu dans les même délais (tous les quatre ans au lieu de deux), dans une période historique proche (la même semaine) que l’élection du Président sortant afin  que les deux élections ne se désolidarisent pas l’une de l’autre et soient le reflet d’une volonté affirmée de mener une politique cohérente et d’ensemble.
Tout comme nous le précisons pour le futur Sénat français dans notre projet constitutionnel pour une sixième république, les candidats au Congrès qui sont élus par suffrage universel direct, devraient se présenter sur la base de leur acceptation ou non du projet présidentiel.
Ceci pour rappeler aux électeurs que leur vote pour le Président qui vient juste d’être élu n’est pas un vote d’étourneau mais un vote concret, pour élaborer une politique concrète et à long terme, cohérente, pour le peuple américain tout entier et non pour des lobbies.
Les grands hommes qui ont construit les États-Unis assurent répondre par des discours à ce besoin qu’ont les citoyens américains d’aujourd’hui de se définir tous ensemble en tant qu’américains ainsi que de définir pour ce pays, la mission qui lui manque, celle là même qui n’a pas su être mise en œuvre, à cause des divisions entre États, mais aussi entre communautés et entre peuples, sans jamais que soient définitivement résolues les questions liées aux méfaits de l’esclavage ou du massacre et du pillage des tribus indiennes, sans oublier le Ku Klux Klan,  et les conséquences négatives qui en ont résulté, au mépris de la Fraternité entre tous.
Celle-là même, qui est rappelée au dessus de la Constitution américaine sous la forme d’un triangle.
En argumentant correctement sur le projet présidentiel point par point, et en mettant en valeur leur adhésion, les candidats au Congrès pourraient, sur la base d’une campagne d’information suffisante auprès des populations sur l’importance de ce suffrage, former une majorité la plus large possible au Congrès.
Comme dans notre projet de Constitution française, nous proposons de lui donner un nom qui correspondrait aux réformes à venir et à l’esprit du projet à mettre en place sur quatre ans.
Pour cela il faudrait pratiquement placer les élections au Congrès juste après celles du président dans un laps de temps très court pour que ne se perde pas l’effervescence et la ferveur liées à une telle élection.
Une telle effervescence et une telle ferveur sont rares et très courtes dans un tel pays rongé par le capitalisme et le pouvoir de l’argent.
Le nombre de désabusés trop important pour que, sans une réforme de ce type, l’Amérique puisse s’en sortir…

La majorité ensuite sortant au Congrès pourrait signaler sa profonde adhésion aux valeurs de l’État américain et au projet social et intérieur du nouveau président en se donnant un nouveau nom « au-dessus des partis » rappelant l’essentiel de l’esprit de ces réformes.
Le prochain président pourrait d’ailleurs marquer son projet présidentiel par une mesure phare du type revenu inconditionnel d’existence. Une mesure qui devrait résoudre beaucoup de problématiques liées à la protection sociale mais aussi aux inégalités récurrentes dans ce pays. Cette dernière pourrait s’assortir d’autres mesures visant à accélérer le processus par lequel la société civile américaine s’est déjà emparée du problème en mettant en valeur l’économie locale sur les bases des règles liées à l’économie du développement en développant la petite entreprise qui répond aux critères du développement durable et de l’écologie, et commence par produire pour et par l’économie intérieure, limitant ainsi la dépendance des États-Unis vis à vis des importations et des exportations.
Cette dernière est conforme au modèle libéral américain, bien davantage que les oligopoles et les grands groupes qui ont par ailleurs montré leurs faiblesses lors de la crise financière de 2008.
De grands économistes américains comme John Kenneth Galbraith mais encore Joseph Stiglitz ou encore aujourd’hui Paul Krugman qui s’intéresse à l’économie du développement de nature géographique, n’ont eu de cesse de le démontrer.
Toutes ces initiatives existent et deviennent grandissantes mais elles mériteraient d’être davantage exploitées et surtout de faire l’objet d’une reconnaissance concrète et importante de la part des institutions qui sont au sommet de l’État.
En regardant un documentaire,  dernièrement, sur le quartier du Bronx à New-York, j’ai compris à quel point les États-Unis ont négligé une partie de leur population au point de créer des zones de sous-développement fonctionnant comme dans les pays les plus pauvres de la planète au milieu des buildings et des fast-food dont les enseignes étincellent nuit et jour, sans souci pour la détresse des habitants de quartiers entiers…

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Où est le sens du projet américain dans cette détresse ? 

Dans ces quartiers qui sont nombreux aux États-Unis il y a fort à faire en matière d’enseignement, d’éducation à la citoyenneté pour que les gens aient envie d’aller voter, même pour le Congrès, et se sentent américains.
Il y a également un gros travail à faire qui pourrait contribuer à la mise en valeur des quartiers par la reconstruction de ces derniers avec de l’économie solidaire, semblable à ce que font les européens via les réseaux ruraux et les secteurs économie sociale et solidaire. Pourquoi pas, comme l’ont fait certains villages entiers du Brésil avec succès, des économies à part entière reposant sur l’existence de monnaies complémentaires et locales ?
Ce serait rendre les groupes plus forts, des groupes fondées beaucoup moins sur une définition communautariste mais davantage tournés vers l’entraide et la solidarité.
Par ailleurs, fort d’un Congrès ouvert et tourné vers l’Amérique et non pas vers l’extérieur, le pays pourrait mener une lutte concrète vers les multinationales et les entreprises du secteur oligopolistique ainsi que vers les même mais cette fois-ci importatrices et étrangères, en taxant davantage la valeur ajoutée produite en polluant ou en exploitant la main d’œuvre.
Cela permettrait de remplir les caisses de l’État en tournant l’impôt vers ceux qui désagrègent depuis des décennies la société américaine .

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Par ailleurs, les États-Unis ont besoin de retravailler la nation d’identité citoyenne et de redéfinir tous ensemble le projet vers lequel ils tendent collectivement. Ce dernier n’a pas changé depuis que les Amériques ont été fondées. Il a pour nom Liberté.

Enfin, les États-Unis ont besoin de requalifier et d’assainir leurs rapports avec l’extérieur, d’abord en supprimant leur dépendance vis à vis des autres économies et grâce à un réseau suffisamment fourni formé de paniers de monnaies internes, mettre fin à l’hégémonie du dollar et à l’économie d’endettement.
Autant de règles qui ont été évoquées après la crise des subprimes de 2008, mais qui, malgré les précautions prises notamment par la FED ne sont pas toujours respectées, au risque que l’on puisse craindre une nouvelle crise financière. Il faut faire disparaitre aux États-Unis le dogme de la guerre, le nouveau projet américain devant être :
Paix, Santé et Bien -Être pour tous. 

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Or, quand des adolescents expirent sous le contrecoup des armes à feu qu’un désaxé s’est librement procuré, il faut en incomber la faute, non seulement à l’inexistence des lois fédérales nécessaires à la préservation de la sécurité de tous, mais aussi à la souveraineté bien mal protégée d’un État Fédéral qui a du mal à se faire écouter.
Parce que la vie et le bien être d’un seul citoyen américain est d’abord et avant tout, l’affaire de l’Amérique toute entière et de ses institutions.
Par qui cette souveraineté est-elle chaque jour bafouée ?
Par des lobbies assassins, souvent racistes, qui, depuis que l’Amérique du Nord s’est peuplée et enrichie au dépens des primo-arrivants , ne cesse de proliférer dans la haine et la cruauté ; répandant leur fiel sur l’ensemble du monde.
Par ailleurs, sur le plan de la sécurité extérieure, nous pensons comme Jean -Pierre Chevènement (l’OBS, 8 octobre 2015)qu’il faut tout faire pour arrêter le conflit en Syrie le plus tôt possible afin de limiter les dégâts même si pour cela, il faut soutenir Bachar El Assad, jusqu’à que ce dernier ait obtenu la Paix et la stabilité dans son pays, sous couvert peut-être d’une coalition internationale pacifiste, qui cette fois-ci, au nom de l’ingérence actuelle qui s’est faite dans l’horreur, ce dernier soit obligé dans sa politique intérieure de revenir à l’ordre par des mesures pacifistes et non cette fois-ci par un usage immodéré de la force militaire et le massacre.
Nous en revenons ici à notre idée de règlement pacifique des différends, rappelant notre article de septembre 2013 sur le blog Respublica ((1). Voir le lien qui suit, dans le texte), au sein duquel nous exprimions notre regret de voir les troupes américaines et européennes partir définitivement de la zone de Kapisa en Aghanistan, au lieu de former une coalition des forces armées fondée sur la mutualisation-coopération entre les troupes afghanes, européennes et américaines (1) http://respublica999.blogspot.fr/2013/09/conflit-syrien-construire-notre.html.
Cette notion de mutualisation-coopération est une ouverture sur un règlement des différends, fraternel et coopératif, des notions bien plus constructives que la belligérance à proprement parler, lesquelles laissent des traces et des traumatismes qui mettent parfois des siècles à se régler, pour en arriver à la construction, tous ensemble, d’une chape sécuritaire mondiale .
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