Le billet de Noura : Éloge de la blancheur (par Noura Mebtouche)
Éloge de la blancheur.
La vraie blancheur n’est ni dans l’héroïne, illusion de blancheur éclatante.
Ni dans le blanchiment d’argent.
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C’est en 1854 que le pape Pie IX proclamait le dogme de l’Immaculée conception. En phase avec son époque ce dogme n’a cessé d’être repris et utilisé par l’Empire, pour justifier son pouvoir. C’est que ce dogme là avait été ardemment et minutieusement préparé par Napoléon Bonaparte, premier empereur, qui s’est empressé de continuer l’œuvre diabolique menée à partir de la révolution à l’encontre des femmes.
Depuis l’assassinat d’Olympe de Gouges, n’ont en effet eu de cesse de réduire à néant toute franche initiative féminine de bon aloi. C’est avec ardeur qu’après s’être servi des femmes pour renverser le pouvoir en place que les sans-culottes les plus habiles, s’empressent de s’adonner à la chose politique, prenant place sur les bancs d’une assemblée nationale toute neuve, dépourvue d’attraits féminins.
Le peintre David, peintre officiel d’un empereur ayant habilement manœuvré pour prendre aux français leur République naissante, peindra un tableau « le Serment des Horaces » qui représente la République masculinisée à l’extrême, transformant le fameux triangle franc-maçonnique, le Saint-Esprit, en un triangle métallique formé de trois épées, tandis que sur la reste du tableau, il représentait trois sœurs apeurées se tassant les unes sur les autres et se protégeant des coups avec trois arcades comme décor.
Et que dire du « Serment du Jeu de paume » qui ne représente que des hommes?
C’est dans ce contexte là que le sacre de l’empereur prend toute son ampleur.
Il s’appuie sur une conception prêtée par l’église de la femme sans corps, pâle fantôme d’une blancheur immaculée, qui conçoit sans rapports sexuels, sorte de mère immature protégeant les français sans rien leur demander en échange.
Lorsqu’elle annonce la Paix dans le Monde en 1858 à Lourdes, elle n’est rien d’autre qu’une entité presque invisible, une vision transmise par un autre vecteur : celui d’une petite fille. Ainsi va le rôle de la femme dans la République française.
C’est oublier qu’il existe un autre tableau représentant la République : le radeau de la Méduse de Géricault.
Ce dernier nous montre un peuple exsangue, flottant sans savoir où il va, sur un assemblage de bois informe, comme ces réfugiés qui aujourd’hui traversent les mers au péril de leur vie, victimes d’une absence du politique que la République française n’a pas su s’approprier. Seule lueur d’espoir, comme dans l’arche de Noé, un ou une métisse, grimpé au sommet du Mât qui pourrait contempler une Terre promise où la démocratie et l’économie réelle serait de mise grâce à l’investissement de chacun.
Les valeurs et symboles sont nombreux ici : on y trouve le concept de mixité à tous les niveaux : mixité sociale , mais aussi ethnique (car la personne située en haut du mât est noire comme du charbon, ce charbon où sont allés les mineurs, culturelle… et de genre (on ne sait pas si c’est un homme ou une femme).
Dès lors, on peut se permettre de faire l’éloge de la blancheur, mais attention pas n’importe laquelle. On ne saurait s’attarder dans les méandres d’une bêtise très franco-française qui cherche désespérément à s’accrocher à des chimères (les même sirènes que celle qu’Ulysse entendit dans son propre bateau pendant son Odyssée), de celles qui font parler Nadine Morano eurodéputée et candidate (les Républicains) pendant la campagne des législatives de novembre 2015 de la France, pays « de la race blanche ». Venu d’une faction politique qui revendique sa vocation à présenter la République française, ce type de déclaration n’est pas as créer de remous et remettre profondément en cause l’idée d’une République française et culturellement riche.
Elle montre que depuis le second Empire, le mythe d’une blancheur éclatante qui serait le symbole d’une République française libérée des entraves dues à l’histoire, clairvoyante, et source de Vérité, est bien loin d’être atteint, en tant que Valeur permettant des supplanter les erreurs et actes maniés qu’elle a par exemple menés pendant la décolonisation.
La preuve en est que les journalistes respectant leur rompre déontologie, soi leur conscience, désertent aujourd’hui fleurons de la presse écrite française.
En haut de ces basiliques (et non pas de ses cathédrales où au lieu de l’exposer aux yeux de tous on la sacralisait alors en la plaçant au cœur du Temple), les statues de la Vierge Marie, mère de Dieu continuent à être exposées aux yeux de tous, semblant autoriser chacun aux pierres turpitudes pendant, que entité abstraite lui aussi, le bon Jésus pardonne sans même que les citoyens français n’aient à s’emparer de leur chose politique.
On doit à cette même conception de l’ordre religieux, notre laisser-aller politique.
Pourtant, Coluche le disait lui même, pour faire partir les nœuds qui se sont noués sous la République française, il faut une bonne lessive afin que notre linge sale que l’on se doit de laver dans notre famille de français devienne « plus blanc que blanc ». Et de citer les mérites de la lessive OMO entre autres qui, à tours de machine, fait des miracles.
« D’où l’expression OMO lave plus blanc que blanc, Ecce Homo », une façon de remettre l’homme , l’individu, l’Ecce Homo, le plus petit atome dans l’univers, le plus petit d’entre nous, l’Alpha, l’Oméga, le début, le commencement, la fin, l’être humain quoi, à sa juste place qui est celle d’être le commandeur des croyants, celui qui tire toujours dans le sens positif du terme, en respectant son prochain dans sa vie privée.
Quant à la blancheur, excusez-moi mais celle-ci, que l’on cherche désespérément et de manière détournée dans le blanchiment des capitaux ou de la drogue, le même que cette héroïne dont le trafic n’en finit pas de faire de chez nous un pays de mafias avec en avant Marseille, plaque tournante, il n’est pas autre chose qu’une façon bien maladroite de déplacer le problème de la blancheur. Comme l’énergie contenue dans le buisson ardent de la bible, ce dernier ne se cache pas ailleurs que dans l’action politique et la capacité à refuser l’asservissement, la colonisation ou encore, l’exploitation par le travail.
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