Les chroniques d’Antonin Galano : Mon chien a mangé mon devoir (par Antonin Galano)

 

 

 

 

 

 

Cette semaine, Antonin Galano aborde avec un humour féroce et sans pitié le scandale impliquant le sénateur Joël Guerriau, accusé d’avoir drogué la députée Sandrine Josso dans l’intention de la violer.

 

 

Mon chien a mangé mon devoir

 

Tous autant qu’on est, on a déjà tenté de sortir cette disquette à l’époque de M. Bauchet, le prof de maths de cinquième, quand il nous réclamait d’y rendre le devoir-maison. Faut avouer que c’était la flemme de faire ses exercices à la mords-moi à M. Bauchet, et y avait pas toujours la possibilité de les gratter par la menace à l’intello du régiment. Alors on se retrouvait comme des cons à balbutier en javanais avant de lâcher la première excuse qui vient pour se dépatouiller, vaille que vaille et mort pour mort. « Euh, bah, euh…, mon chien a mangé mon devoir, m’sieur ». Voilà. Une fois, j’ai innové : « je me suis fait poursuivre par un renard, m’sieur ». On avait pas de chien chez moi. Bien que canidé pareil, ça a pas mieux marché. Je me suis donc pris un mot sur le carnet puis une mandale dans la gueule une fois rentré à la maison. C’est instructif au fond, plus utile que cent théorèmes. Ça apprend qu’il faut mitonner les mensonges pour les rendre comestibles. C’est un enseignement qui sert pour toute la vie.

 

Si je cause de ça, c’est rapport à Joël Guerriau, le sénateur centriste de Loire-Atlantique qu’est en plein marasme judiciaire depuis la mi-novembre. Mais de quoi l’accuse-t-on au juste, en dehors du fait d’être sénateur ? Il s’avère que Joël Guerriau a tenté de droguer à son insu la députée Sandrine Josso, une partenaire de l’autre Chambre donc, par ailleurs amie, au cours d’une soirée entre quatre yeux. Joël aurait servi une coupe de champagne à Sandrine avant de trinquer à plusieurs reprises avec elle, dans une sorte d’insistance implicite pour la faire boire absolument. Jusque-là, cela démontre que Joël est surtout un excellent ami. Sauf que, sauf que…

 

Rapidement, de drôles d’effets montent à la tête de Sandrine, des effets qu’ont rien de semblables avec ceux usuels du champagne. Elle est pas née du dernier millésime, Sandrine. Toute cotonneuse et désorientée, le palpitant à la tachycardie et les guibolles à la flageole, son instinct de survie se met en branle, l’alarme « danger » lui secoue le reptilien. Y a pas bon ! Faut s’arracher de là fissa ! Pendant ce temps, Joël, lui, fait mumuse avec le variateur de lumière, passant de la pénombre au tamisé, dans une espèce de remake du « jour, nuit » des Visiteurs. Sandrine parvient à s’exfiltrer de la souricière, pantelante, et s’engouffre dans un taxi, pourchassée par Joël qui réalise alors qu’il a gaspillé une dose de MDMA pour rien : la zouz est résolue à pas se laisser violer… C’est qu’elles résistent, les garces, de nos jours ! Elles se rebiffent ! Foutu féminisme ! Faut reconnaître aussi que c’est un mauvais calcul au départ, un piètre choix d’appât. On pêche pas la dorade avec un ver à soie. Tout le monde sait que le GHB marche beaucoup mieux pour les cas de soumission chimique. C’est pas la brune de la semaine dernière qui va me contredire. Je veux dire, je me souviens de rien et j’ai des chlamydias maintenant. Bravo le veau.

 

C’est d’autant plus surprenant que Joël paraît connaître le sujet sur le bout des narines. Le coup de la variation de lumière, c’est une technique pour faire monter la perche plus vite, askip. Si on m’avait dit un jour qu’un sénateur m’enseignerait des astuces à propos de la drogue, j’en aurais pouffé dans mon pochon. Les analyses urinaires réalisées entérinent l’expertise de Joël : on a relevé des traces de méthadone, cocaïne, MDMA, cannabis, opiacés et amphètes, une putain d’armoire à pharmacie. Il manque qu’un buvard dans le cocktail pour faire carton plein. Le gazier, il te pisse trois gouttes sur les orteils, tu restes collé quinze jours. Ça redonne confiance dans la politique. Qu’on vienne pas dire après que les élus sont pas proches du peuple.

 

Là-dessus, la police y demande des explications forcément et, par principe de précaution, il se fait lourder de son parti, Horizons ça s’appelle. On voit par-là que c’est un piètre prédateur sexuel, Joël. S’il avait choisi une proie anonyme, il aurait pu finir son mandat peinard. C’est pas Darmanin qui va me contredire.

 

 

 

Pris au dépourvu et cerné par mille faits accablants, Joël invoque une erreur dans le choix du verre. Quelques jours auparavant, il se serait préparé une dose entre lui et lui puis, après l’avoir versée dans un verre, il aurait changé d’avis. Il aurait alors remis le verre dans le placard tel quel, avec la dose toujours au fond. C’est par un malheureux hasard, oups, qu’il aurait ensuite rempli ce même verre pour Sandrine, son amie, sa consœur, son collimateur. « J’ai pas essprès, monsieur le commissaire ». C’est sa défense en somme. Bon. C’est bancal, ça prête à s’esclaffer, mais ça peut s’avaler en forçant un peu. Là où ça coince franchement, c’est quand il se justifie du pourquoi il détient de la drogue à son domicile.

 

Premièrement, ce serait à cause du stress consécutif des sénatoriales, lesquelles se sont déroulées le 24 septembre dernier et qu’il a remporté haut-la-main. C’est qu’il a l’anxiété tenace, le bougre ! Ça doit être le genre qui se guérit d’une gastro en octobre mais qui continue de chier en spray jusqu’à la Noël. Si c’est pareil pour les orgasmes, je veux son métabolisme au gazier, moi. Merde, t’imagines ? Que la morsure de la jouissance perdure encore deux mois après avoir craché la purée, le panard putain ! Quelles économies en sopalin je ferais !

 

Deuxièmement, Joël évoque l’état de santé de son chat. C’est pas des conneries. De son putain de chat. C’est-à-dire que le gazier justifie de se charger la mule parce que Frisquette dégueule son Whiskas. Sacrée Frisquette. Tout ça pour dire que Joël, il a jamais dû avoir M. Bauchet en cours de maths.

 

Il serait au courant, sinon.

 

ANTONIN GALANO

Son Site : https://perturbateurdendoctrines.wordpress.com/

 

 

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