Pointe de View : La chronique de Noura (par N. Mebtouche)

Plan d'austérité en Grèce (Frep)
Plan d’austérité en Grèce (Frep)

Le cas de la Grèce vient de se jouer en deux temps trois mouvements, sous la houlette de Angela Merkel et de Christine Lagarde peu promptes à laisser passer la moindre concession.

Les Grecs ont plié, autrement, le contexte serait devenu bien pire, sous le sceptre d’une récupération qu’agitent les drapeaux chinois et russes qui n’auraient pas tardé à se saisir de l’affaire, contents de pouvoir élargir leur concept d’Union Eurasienne.

D’après les journaux de la presse officielle, ceux qui emploient nos si chouchoutés fonctionnaires de la presse, gloire de la république française, désireuse, malgré le choc moutonnier dans lequel l’a laissé exsangue le nouveau dogme européen de continuer à faire semblant d’être le pays de la liberté d’expression.

Le président français se serait  signalé notamment par la qualité de son argumentation auprès du premier ministre grec. Tout au plus, pris entre deux eaux, ce dernier a t’il joué le rôle de « tampon » entre les  représentants de la doxa ordo-libérale et celle du laisser-aller presque fataliste du Sud auquel la France, habile, surtout depuis Mitterrand aime s’abandonner, le tout dans cette rigueur et maîtrise des choses qu’elle camoufle sous un habile jeu de scène qui va de la poignée de main d’un autre François avec le chancelier Helmut Kohl, image historique utile au  jeu habile d’une République en jupons, daignant enlever pour un temps son bonnet phrygien, encore toute rouge de la honte d’avoir une fois de plus trempé dans la corruption et le clientélisme.

C’est que la belle aurait les moyens d’être à la tête d’une nouvelle doxa économique qui ne remettrait pas en cause l’Europe, cette vache à lait tant convoitée des pays en mal de développement qui tardent à prendre en main leur économie.

 Attendrait elle, cette Europe, toute languissante,  qu’ un Zeus vienne la chercher?

Là, il y a danger car à ne pas connaître la réelle identité de son soupirant, dans une bêtise de ces filles de joie qui prennent le plaisir comme il vient et avec qui veut bien être généreux, de tomber sur la mauvaise personne : un de ces doux rêveurs qui pensent encore qu’une politique de conquête vaut mieux qu’une politique civilisationnelle.

On pense ainsi à un de ces dirigeants de l’Est où l’extrême droite cherche à tout prix à faire son trou ou, pourquoi pas , à un de ces sbires, d’un islam dévoyé, visant à établir de nouvelles formes de colonies toutes dévouées à Allah.

Non, messieurs, dames, la France n’a pas joué lors de cette crise de l’Euro ayant pour principaux partenaires les grecs,  le rôle et la stature que l’on pouvait légitimement attendre d’elle de par son histoire et l’intensité de la praxis en devenir qui l’anime depuis des siècles sans avoir jamais pu percer définitivement cette enveloppe glaciale et artificielle qui recouvre notre société…

On pense ici non pas à la France coloniale, se reposant sur le travail des autres, ni à celle de Vichy, toute délicieusement endolorie sous la fumée des cigares Churchilliens ou au son qui résonne encore chez nous, des bottes de la haute administration nazie.

On pense à la France de la Commune, celle que 600 siècles de colonisation romaine n’a pas réussi à éteindre.

Pourquoi n’a t’elle pas joué son rôle cette France là ?

Parce que la France, messieurs dames, n’a pas l’habitude de prendre son avenir en main, de prendre son courage à deux mains pour faire preuve d’originalité, d’esprit d’initiative et n’écouter personne d’autre qu’elle même.

 Pourtant Dieu sait si cette dernière a eu dans le passé la chance de pouvoir se placer sous les auspices réjouissants que lui procuraient de multiples références à des symboles forts.

Des origines gréco-latines, et même pour certains, l’image des Troyens peuple aux héros mythiques et légendaires (seulement dans la légende), puis la référence aux premiers chrétiens avec leur descendants : Saint-Denis à la tête coupée, dont l’abbaye dès Clovis,  fut le lieu du tombeau des plus grands comme des plus piètres rois de France, puis Saint-Michel, l’archange protecteur de tout un peuple…

Ainsi, pendant longtemps crut-on aux miracles, pensant que la spécificité française consistait à être le peuple élu de Dieu, celui qui n’avait qu’à attendre que la manne divine arrivée de la Terre promise ne vienne pleuvoir au dessus de sa tête, prêt à confondre cette parabole là avec les croyances d’un des peuples dont il tire ses origines, celle d’un ciel qui lui tomberait sur la tête.

Parfois, certains rois eurent l’intelligence de montrer qu’ils n’écoutaient qu’eux : ainsi de Philippe le Bel et de sa politique vis à vis du pape Boniface, exerçant un léger et habile virage en transférant la légitimité du Sacré, celle de la chrétienté, sur la France qui passe du statut de fille obligée de sa sainte mère l’Église à celui d’une entité indépendante, qui n’a plus rien à devoir envers une instance qui lui serait supérieure, même pas un impôt.

Mais l’apanage de ces gens là qui sont rares se paye souvent par un élément difficile à prévenir , une sorte de fatalité : Philippe le Bel n’avait pas de fils susceptible de continuer sa politique .

Tous les trois sont morts, après lui, laissant la place à une guerre de succession qui a duré 100 ans.

Que nous dit le symbolisme actuel avec sa Marianne dont la longueur des jupons ne préjuge pas de la finesse de ses jambes de sportive des temps contemporains?

 Que la place est aujourd’hui aux femmes libres et égales en droit.

Que cette dernière ne saurait revenir uniquement aux perpétuateurs de la corruption et de la politique spectacle.

Les Allemands n’ont ils pas élu Angela Merkel, qui, si critiquables et dures que peuvent prendre certaines de ses exigences au sein de la zone euro, fait preuve néanmoins d’un courage et d’une obstination qui sont les qualités politiques que nous français, n’avons pas su nous donner pour, mener sa barque sur le bon chemin…Sommes nous si machos nous, européens du sud pour ne pas accepter que le jeu électoral qui aboutit à la présidence soit féminisant ?

Quand est ce que la France mi figue-mi raisin d’une Europe du Sud, nouvelle colonie d’un occident du nord va prendre son courage à deux mains et accepter de délaisser ce nord tant maladroitement copié pour donner au sud de la planisphère, l’envie de mener sa propre économie ?

Une fois de plus, nous sommes passé à côté de la plaque, il fallait se présenter comme étant le nouveau leader d’un commencement de protestation contre la rigueur de la zone euro, afin de pouvoir envisager un jour, un nouvel alignement, sinon affirmer déjà des propositions et une stratégie toute faite, du moins laisser la porte ouverte par quelques suggestions à une autre vision. de l’Europe, complémentaire avec celle qui prévaut actuellement.

Une Europe plus conforme à la configuration socioéconomique des pays du Sud, plus éthique et fondé sur l’économie réelle.

 La perche   qui se présentait ainsi pour la France, n’a pas été saisie, tout au plus pouvait elle, sans se mettre à dos le tenants de l’ordolibéralisme, jouer ce rôle en évoquant  à peine, qu’une autre voie dont elle serait le guide pourrait être possible, un élément susceptible d’ouvrir la voie vers une contestation à la fois de la timidité excessive des dirigeants mondiaux pour la COP 21 aussi bien que celle d’un Tafta déjà tout préparé et  presque signé…

Dommage….


Noura Mebtouche

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