Presse alternative et indépendante : Itw de David, redac’ en chef du journal Noir et Blanc (propos recueillis par Sacha)

Nouvelle année, nouvelle rubrique ! À force de barouder sur les routes de France et de Navarre, de festivals en festivals, de salons du livre en salons du livre, de buvettes en buvettes et de bitures en bitures, nous avons rencontré de nombreux acteurs et actrices de la presse alternative, indépendante et satirique. Comme nous, beaucoup tentent de faire rayonner un brin de liberté et de (contre)culture par le biais de journaux ou fanzines dans leurs régions, souvent sans un sou en poche… C’est dans la joie et la bonne humeur que nous allons réaliser un « petit tour de France » de ces journaux indépendants grâce aux interviews de leurs créateurs, dessinateurs et rédacteurs, afin de vous présenter leurs revues, leurs histoires et ce qui les a motivés à créer un média.

Itw de David, redac' en chef du journal Noir et Blanc

Pour cette première, nous vous proposons de découvrir le journal/fanzine de dessins satiriques Noir et Blanc, « le journal sans couleurs et sans a priori ». Né à Toulouse en 2015 à l’initiative de David, alias DF, le journal se veut iconoclaste, sans retenue, humoristique et sans a priori. Noir et Blanc réussit l’exploit de paraître et d’être diffusé chaque mois dans la région toulousaine avec un tirage non négligeable de 500 exemplaires. De nombreuses personnalités issues de l’univers du dessin de presse et de la caricature soutiennent et participent au projet (Willis from Tunis, Berth, Gab, Decressac, etc.).

David nous a fait le grand plaisir d’accepter de nous parler de son journal, des sujets traités, des participants, de son attachement à la presse satirique, de ses projets, et de la question que tout le monde se pose : où le trouver ?!

Qu’est ce qui t’a motivé à créer le journal Noir et Blanc ? Quels ont été les éléments déclencheurs ?

J’ai eu une éducation ouvrière et paysanne, ouverte sur le monde, dans l’amour et le respect des gens et du partage. Profondément athée, j’ai toujours aimé toute forme de liberté de pensée et de s’exprimer, et grâce à mes activités de Dj Hip Hop, j’ai rencontré de nombreux graffeurs à Toulouse. J’ai rencontré et vécu avec un gars nommé DRAN qui a sorti de chouettes livres de dessins se marrant de la société. S’en est suivi la lecture de journaux, fanzines et bd satiriques. Siné reste ma référence, plus de 60 ans de dessins aussi bons, ça mérite beaucoup de respect. J’étais aussi abonné à Charlie Hebdo. Le 20 décembre 2014, je recevais un dessin de Charb (Maurice qui dit « David, le meilleur Dj du monde » et Patapon qui lui répond « à condition d’être sourd ! ») qui me chambrait bien, j’étais heureux comme un gosse ! 2 semaines après, il y eut ce massacre à Charlie Hebdo… Le jour où les millions de français étaient dans la rue, j’étais chez moi, seul, les yeux rouges, et je me demandais ce que je pouvais faire. L’idée de faire un petit journal me vint, ce fut ma réaction pour ne pas les oublier, pour faire vivre la déconne contre l’obscurantisme et la censure.

« Noir et Blanc, le journal sans couleurs et sans a priori », peux-tu nous expliquer l’origine du nom ?

Je l’imprime depuis le début avec mes propres moyens, donc, qui dit pas de tunes, dit noir et blanc pour l’impression. Pour le reste du nom, je me suis inspiré de Siné Mensuel qui met « le journal qui fait mal et ça fait du bien », et de l’esprit que je voulais donner. C’est ainsi qu’est né « sans couleurs et sans a priori ».

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Pourquoi avoir pris le chemin de la presse satirique ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

Ça représente des valeurs universelles pour moi. Faire vivre la déconne, la liberté de s’exprimer sur tout, c’est une façon de faire front à tous ces cons qui nous polluent la vie, et ils sont très nombreux.

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De nombreuses « pattes » participent à ton journal, comment as-tu fait pour réunir tout ce beau monde ?

C’est l’effet boule de neige : tu rencontres quelqu’un, puis une autre personne qui te conseille de contacter quelqu’un d’autre, tu traînes dans quelques festivals… Et parfois, j’ose contacter directement des gens via Facebook ou autre en leur présentant le délire de N&B pour qu’ils s’y joignent ponctuellement.

Le contenu du journal est essentiellement constitué de dessins de presse, mais on y retrouve également une part de rédactionnel. Quels sont les sujets abordés par le journal ?

Ça parle des sorties de livres satiriques, ça peut aussi aborder l’actualité alternative toulousaine, ou traiter un sujet d’actu’. On y trouve aussi des articles sur des femmes activistes dans divers domaines.

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Noir et Blanc est un journal gratuit, par quel miracle arrives-tu à l’imprimer ?! Le journal est-il subventionné ?

Aucune subvention, pas de pub. Je l’imprime avec mes propres sous et grâce à une imprimante qu’un pote m’a offerte, donc il ne me reste plus qu’à acheter le consommable.

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À long terme, comment vois-tu ton journal évoluer ? Sera-t-il un jour disponible dans les kiosques ?

Vu les ventes actuelles et le nombre de journaux et fanzines déjà en kiosques, ça va être compliqué. Du coup, je vais essayer de sortir des livres ponctuellement. Tout dépendra du soutien des gens. On se débrouillera toujours pour faire vivre ce petit canard.

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Les éditions Noir et Blanc devraient sortir un livre d’ici peu, peux-tu nous en dire deux mots ?

C’est la suite logique du journal. Il s’agit du livre d’Ahmed Medjani, dessinateur satirique vivant en Kabylie, cette belle et rebelle région d’Algérie. J’ai beaucoup de respect pour lui, car faire ce qu’il fait dans son pays, c’est couillu ! C’est aussi un gars adorable, généreux et respectueux, avec un humour certain. Il va vous faire rire du pire de son pays et du monde.

Où peut-on trouver le journal Noir et Blanc ?

Le but est de développer les abonnements pour aider au financement et pouvoir le diffuser encore plus largement à Toulouse et ailleurs. Contactez-nous sur la page Facebook du journal et des éditions pour le recevoir chez vous ! Sinon, sur Toulouse, il est disponible dans les cinémas indépendants, les librairies, chez les disquaires, dans les bars culturels associatifs et les bars à l’esprit ouvert. Je prends aussi beaucoup de temps pour aller dans la rue à la rencontre des gens, pour leur filer le journal, en discuter, se marrer ensemble et foutre des coups de pied au cul des emmerdeurs publics.

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La page Facebook du Journal : https://www.facebook.com/NOIRETBLANCLEJOURNAL/

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Pour commander le livre d’Ahmed Medjani : http://www.noiretblanceditions.bigcartel.com/

Merci à David d’avoir pris le temps de répondre à nos questions !

 

Propos recueillis par Sacha

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