Témoignage : Hier soir j’aurais pu mourir (par James Nettoyant-Vitre)
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Hier soir j’aurais pu mourir.
J’avais rendez-vous à 21h à République avec des amies. Mais mue par une providentielle fatigue, j’ai décliné au dernier moment et suis restée tranquillement chez moi.
C’est mon frère qui est venu me réveiller en frappant en panique à ma porte à 9h du matin. J’allume mon portable tandis qu’il m’explique que dans la nuit, des terroristes ont assassinés une centaine de personnes dans ma ville. Hébétée, il me faut du temps pour réaliser ce qu’il me dit.
Je me suis couchée dans un univers banal, je me lève dans une ville en guerre.
Complètement abrutie, je ne comprends rien, je ne réalise rien, sur la table, mon portable a mis dix minutes à recevoir tous les messages, mails, appels manqués.
Je lis tout ce qu’on envoyé mes amis et je réalise qu’en quelques heures un réflexe incroyable a fait se connecter tous les gens que j’aime. Que toutes ces personnes qui se connaissent un peu ou pas du tout ont trouvé des moyens incroyables pour se parler et se demander, est-ce que tout va bien ? Tu as des nouvelles d’elle ? Et tes amis sont ok aussi ?
J’ai pleuré en entendant les messages que ma grand-mère m’a laissé, en réalisant chaque minute un peu plus que toute cette angoisse aurait pu se concrétiser, que à quelques détails près, ça aurait pu être moi, comme mes frères, mes amis, des gens que je connaissais, des gens que j’avais croisé, toi, moi n’importe qui qui voulait sortir ce soir là.
Je réalise encore peu l’acte en lui-même. Sa gravité.
Mais ce que je vois, c’est tous ces gens qui n’avaient pas de nouvelles de moi, mes amis proches et mes connaissances reculées ont passé la nuit à se relayer des informations, à s’assurer en imaginant tous les stratagèmes possibles que tout le monde autour était sain, sauf, allait bien. Que personne n’a vraiment pu se calmer qu’en ayant été certain que non seulement tous les amis allaient bien, mais aussi les amis d’amis et les amis d’amis d’amis étaient à l’abri et qu’ils n’avaient besoin de rien.
Et me reviennent ces mots « Si c’était la haine gouvernait le monde, l’Humanité n’existerait plus depuis déjà longtemps. ».
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