Vide Quartier : Une gentrification de « progrès »… en marche ! (par Pimprenelle)
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Il résiste et ne va pas se laisser faire sans rien dire, le quartier Moncey. Alors que la gentrification grignote la Guillotière, côté 7e arrondissement, du côté du 3e, les habitants refusent de se faire ripoliniser par le projet d’aménagement d’une « promenade » prévu par la Métropole de Lyon.
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Ça a déjà commencé dans le quartier de la place Mazagran, aux alentours du jardin d’Amaranthes. Si en 2011 et 2012, les habitants avaient empêché l’aboutissement du projet de la fameuse « coulée verte » qui devait relier le quartier aux Berges du Rhône, la gentrification s’y poursuit cependant tranquillement. De partout, fleurissent de beaux magasins de vélos, des petites boutiques bien mignonnes de créateurs-rices, des ateliers d’architectes et de graphistes, des espaces de co-working, des boîtes de partage… et leurs cohortes de hipsters satisfaits d’être dans un quartier où il fait si bon vivre, surtout entre-soi !
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l’ambiance est familiale, vraiment solidaire, les enfants crient, jouent sur la place, les jeunes et les plus vieux sont dehors
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De l’autre côté du cours Gambetta, c’est une toute autre ambiance. De la rue Paul Bert à la rue Moncey, le quartier résiste encore à la gentrification. Le coeur de la Guillotière y bat au rythme des magasins de robes de marié-ées scintillantes, des pâtisseries orientales, des boucheries hallal, des kebab et du marché du ramadan de la place Bahadourian. Nul espace de co-working à l’horizon, ni ateliers de créateurs-rices. Ici, l’ambiance est familiale, vraiment solidaire, les enfants crient, jouent sur la place, les jeunes et les plus vieux sont dehors, circulent, s’assoient sur les quelques bancs encore libres. Malgré toutes les tentatives de fermer le quartier et d’y empêcher la convivialité.
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La Métropole n’avait donc pas réussi à la percer cette « coulée verte », qui devait relier le quartier Mazagran, en une belle promenade touristique, jusqu’aux berges du Rhône… Qu’à cela ne tienne, c’est par un autre biais, entre les Berges du Rhône, en passant par la rue Moncey pour aller jusqu’au quartier des Halles Bocuse, qu’elle va tenter une nouvelle fois une percée destinée, soi-disant, à ouvrir le quartier en le reliant aux grands axes.
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C’est que la rue Moncey échappe aux logiques de l’urbanisme. Elle est sinueuse et impalpable. Pour la suivre, il faut bien la connaître. Depuis la place Ballanche, vers le bâtiment du Clip, elle est bien là, matérialisée par une petite rue où malheureusement de nombreux commerces ont été fermés et où deux immeubles classés sont menacés de destruction. Puis, on la perd car elle traverse la place Bahadourian, puis la place Guichard pour courir jusqu’aux Halles. On s’y promène pourtant, un peu comme dans un jeu de piste. C’est ce qui fait son charme et ne lui enlève en rien la vocation d’axe reliant des quartiers différents.
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comme pour gommer tout ce que ce quartier compte de « minorités visibles »
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Si ce projet d’aménagement appelé « Promenade Moncey » voit le jour, il aura surtout l’effet d’une coulée de lave, gentrifiant le quartier sur son passage et le prenant en étau. C’est donc ça, la gentrification de « progrès », avec en filigrane, la volonté d’une « déambulation apaisée » ? Termes que l’on retrouve dans bon nombre de discours d’acteurs locaux, comme pour gommer tout ce que ce quartier compte de « minorités visibles ».
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Pour suivre le projet et soutenir les habitants : https://www.facebook.com/ballanchecollectif
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Pimprenelle
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