Poésie : C’est jaune, c’est moche, ça ne va avec rien (par Grégoire Damon)
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C’est jaune, c’est moche, ça ne va avec rien
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Il y a un moment pour compter les sous,
et il y a un moment pour péter des trucs.
Je ne dis pas que c’est bien. Je ne dis pas que c’est mal.
Quand un gars jouit d’une cote d’amour aussi violente/aussi universelle,
c’est obligé qu’à un moment il se passe quelque chose –
ce n’est pas naturel que des personnes comme ça, que des personnes
que des homo sapiens encore majoritairement composés de carbone
soient comme ça dans les têtes de millions de personnes en même temps
et plus que ça : cognent
et plus que ça : jouent du gong,
le grand gong de la culpabilité collective
de ce qui aurait dû être, de ce qui a finalement été,
de ce qui est mort encore une fois,
de ça : relief de notre flemme.
Il fallait se geler un peu, à un moment.
Il fallait que l’humidité envahisse nos chaussettes,
et que le froid s’installe
façon baiser, façon buvard.
Le mois de décembre n’est pas né pour être aussi doux rendez-vous compte.
Il en fallait pour les bronchites. Il en fallait pour les lombaires.
Quand ils ont délaissé le baiser ouaté de leurs écrans de smartphones
– qui font encore tellement pour la mort du sexe contemporain –
je ne dis pas qu’ils se sont rappelés que ça a commencé comme ça, l’humanité –
une histoire de feu. D’os brisés. De parlottes.
Je ne dis pas ça.
Je voudrais seulement souligner ça :
ils ont couru.
Ils ont tapé.
N’importe comment : ils ont vécu.
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Grégoire Damon
Son site : http://gregoiredamon.hautetfort.com/
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