Grosse rature : Houellebecq ta gueule! (par Iman)
Houellebecq ta gueule!
Je n’ai pas réussi à choisir l’article le plus approprié concernant la diarrhée verbale de Houellebecq. Les avis se recoupent : c’est l’ultime démonstration médiatique d’un écrivain essoufflé et de mauvaise foi.
À chacune de ses interventions, « Soumission » est défendu par l’auteur comme une fiction « futuriste » (an 2022), où la majorité musulmane est à la tête de notre pays. A-t-on le droit de nous demander de le lire en occultant de notre esprit le contexte actuel ? Je refuse qu’on me le demande, car je refuse d’être prise pour une idiote. Quand j’ai lu des passages de ce livre, des interviews du dit écrivain à propos de son œuvre, je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec le film « Le Juif Süss » de 1940 et de l’impact que ce dernier avait eu sur les mentalités allemandes et des pays alliés. Et oui, ça m’a foutu la gerbe, parce que l’argument « fiction » qu’on nous met sous le nez pour nous amadouer n’est qu’un leurre. Ça m’a foutu la gerbe, parce que la doxa se gave allègrement des explications capillotractées fournies par des personnes qui se complaisent, comme il a toujours été confortable de le faire, dans la peur de l’étranger et le rejet de l’autre.
Je ne pense pas exagérer ma réaction en appelant à la vôtre, de près ou de loin — que ce soit à la machine à café quand vous êtes au travail, à votre énième speed-dating du dimanche après-midi, ou lorsque vous vous retrouverez face à un de ces nombreux connards qui vous dira : « Non mais tu vois, c’est de la littérature, l’Islam c’est une religion qui prend de l’ampleur et c’est normal qu’on spécule là-dessus. Alors tu vois, moi je préfère que ce soit fait par un écrivain, c’est de la création, et prout prout prout. »
Il est vrai que je suis une râleuse de génie, mais sachez que je ne suis pas au service de la bonne pensée, seulement de ce qui me paraît légitime et à relever, et ce torchon sans nom ne doit pas être encensé. D’aucune manière. Il n’y a aucun génie là-dedans.
C’est le choix de la facilité : vaguer sur des polémiques et un climat de haine religieuse plus que pesant avec des amalgames, tout le temps. J’ai juste, pour une fois, envie de dire « STOP » et de remettre les pendules à l’heure, même s’il est évident qu’il n’y a aucun travail littéraire et créatif dans l’entreprise de Houellebecq ici. Je redoute l’impact que « Soumission » pourrait avoir, et pour ma part, l’année 2015 débute au plus mal avec la sortie de celui-ci.
Pour terminer, le point détestable de la mécanique littéraire qu’utilise l’auteur est déplorable. Choisir un sujet d’actualité aussi sulfureux pour aussi mal l’exploiter, et ne même pas savoir expliquer ce qu’on a concrètement voulu faire quand on s’est mis devant son bureau pour écrire, relève du non-sens et du délire. Écrire pour écrire, je veux bien, mais écrire pour polémiquer violemment et gratuitement, pour d’autant plus stigmatiser une population qui peine à se sentir à l’aise dans un monde où l’Islam est montré comme le Mal Incarné et l’Origine de tous les problèmes, je trouve ça révoltant. Alors ouais, je me révolte comme je peux. C’est facile, c’est sans intérêt et c’est inquiétant.
L’idée serait de voir cette logorrhée fécale diviser, inquiéter, problématiser, et que les gens acceptent de voir combien la lumière projetée sur les musulmans est trop forte pour le véritable pouvoir qu’ils ont dans notre vie quotidienne. « L’affaire Nabilla » a su mobiliser, interloquer et susciter des débats — notre affaire Dreyfus 2.0, disaient les médias. J’en ai eu honte, en ce qui me concerne. J’ai eu honte de vivre dans une époque où l’on se passionne plus pour les déboires conjugaux d’une fille qui ne pèse rien, alors que nous avons l’occasion de laver cette honte. Nous, cette belle jeunesse en qui plus personne ne veut avoir confiance et dont nos aînés ne cessent de se plaindre.
Critiquons, condamnons, NE censurons surtout PAS, car j’ai l’espoir que ce faux-pas de trop nous montrera à tous que le monde est en train de stigmatiser une nouvelle masse. Par ailleurs, dans un scénario tout aussi rocambolesque, je pourrais imaginer un récit où les musulmans seraient les successeurs des victimes de la Seconde Guerre mondiale… Le résultat aurait été le même : renvoyer au non-musulman sa violence intellectuelle quant à la croyance du musulman. Ce procédé aurait également créé un climat haineux, et à l’inverse, anti-non-musulman.
Il est une qualité dont je ne veux pas priver Houellebecq et sa névrose alarmante, et je la déclarerai en poésie :
« Suite aux copieux festins des fêtes de fin d’année
Si toast et foie gras ne sont toujours pas passés
Soumission de Houellebecq prestement vous lirez
Ainsi dans les waters vous vous soulagerez. »
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