Poésie : « A demi… » (par Tofka)

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A demi…

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L’écume tremble encore un peu au fond de cette bouteille que je dévisage en espérant ne jamais la voir mourir. Une dernière lampée d’insouciance me tente et me désespère. Fin que je voudrais éternelle, figée dans l’instant de cette faim que je voulais charnelle.
Malgré les caresses prodiguées, je la sens suppliante de la laisser partager une dernière fois ma solitude, mon regard fatigué, mon âme usée, mes lèvres muettes…
Une dernière cigarette, tiens, me donnera peut-être le courage de trucider cette vieille amie qui a partagé tant de ma vie.
Je me souviens de ces premières amours qui m’ont fait rendre le pire sans en prendre le meilleur, assassinant mes rêves d’enfant, jusqu’à me faire regretter ce souffle hérité pour n’en espérer que celui de l’oubli. Mélange caca d’oie me privant de cette fierté de mâle imbécile, castré de son innocence !
Et puis l’humiliation de ces lendemains sans gloire à affronter la juste réprobation de ses pairs si bien introduits, si bien…si bien !
Au diable les bien-penseurs, le temps m’est compté me dis-je ! Rêvons de nouveau à l’amour, au cœur sincère qui saura apercevoir derrière le penaud frangé de  boucles noires, le chevalier prêt à sacrifier sa vie.
Une grossesse plus loin, monsieur le juge, le verdict est tombé… Un enfant plus loin, l’hymen s’est brisé !
Et te revoilà, déjà vieille compagne, à me consoler, à vider de mes yeux toutes ces larmes et toujours à me faire rendre le pire que je voulais meilleur.
RAZ : remise à zéro ! Ton discours me rappelle celui d’un vieux prof d’électro-quelque chose…
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Parfois ça marche, Allez ! J’y crois et revoilà les fleurs dans les cheveux d’une autre destinée qui me guettait au détour d’un regard un peu perdu.
Des rêves de prairies remplies de chevaux aux crinières flamboyantes, de plages au sable aussi blanc que le premier lange de ma toute première existence. Des mots en promesses sous la lune complice que le vent balaya sans prévenir un matin de printemps !
Abandon, renoncement, résignation et puis… toi, si fidèle, qui m’enterre et me ressuscite encore et encore !
Rendre le pire en attendant le meilleur…
Et passe le temps, s’apprend l’oubli, se soumet l’indocile !
Vieille camarade sans rides, de mes errances le témoin attentif tu fus jusqu’à ce jour où encore tu m’aveuglas de ton traître sable.
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Mon âme à l’enfer j’offrais pour son âme au paradis, heureux de ce gratuit sacrifice je me retrouvais fier et humble devant elle.
Bravant tous les brisants du quotidien, je barrais de cœur la protégeant de tous les écueils de cette vie qu’elle me disait effrayante, pleine de pièges sournois, de tristes présages, et même… même, d’amants impitoyables !
Par derrière il est entré, par devant je suis parti.
Le cœur sanguinolent, l’espoir au placard, plus envie, plus en vie !
Rendre le pire sans croire au meilleur…
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Le travail ! C’est bien le travail !
Deux années à longer seul, la nuit, les coupe-gorges d’un métro de banlieue vide. Quartier sordide aux relents de misère, que distrayaient de temps en temps les sirènes de pompiers, et l’âcre des lacrymos de CRS en goguette…  
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Mais j’ai failli t’oublier ma bonne vieille consolatrice qui de mes souffrances futiles enivra mes sens chaque fois jusqu’à… l’espoir!
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Une perle de douleur coule doucement sur ton flanc, nos larmes qui se mêlent et se démêlent, à grands coups de bonheur raté, à grands coups de temps dilapidé…
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Et la vie continue…
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Tofka
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