Poésie : Cocon (Laurent Bouisset)
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Cocon
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je me fous de savoir si c’est poétique
on a vu un type allongé
dans les gaz d’échappement
d’un parking détestable
entre les voitures qui venaient se garer
il dormait là sur du carton
ou peut-être il faisait semblant
elle lui a donné un sac de couchage
il l’a aussitôt dépiauté de son enveloppe
s’est mis dedans
jusqu’à disparaître complètement
à l’intérieur
il devait se geler les couilles
depuis environ la maternité
il avait besoin d’un cocon
pour se couper du monde autour
on en a un aussi à notre façon
on a le cocon d’une famille roulée dans son bonheur
mais pas de sexe ni de repos
cette nuit-là
l’envie plutôt d’engueuler mes poèmes
ou de me lever pour les foutre aux chiottes, les pauvres…
à l’aube débile entre quatre rêves fatigants
je me suis assis pour fixer
le silence dans les yeux
c’était pas calme
il avait un côté pervers qui mettait
du gaz d’échappement sur mes tartines
alors je lui ai jeté mon café à la gueule
et le coup de vrai
qu’il m’a asséné dans les boyaux
m’a fait recracher aussitôt
cette strophe
a
Laurent Bouisset
a