Histoire : Toussaint Louverture, une vie héroïque (par Sacha)
Histoire
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Toussaint Louverture, une vie héroïque
Article de Sacha / Illustrations de Singe Pâle
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La petite Histoire
Il faut savoir qu’à l’époque de Toussaint Louverture, Saint-Domingue (Haïti) est surnommée la perle des Antilles, car elle est la première exportatrice mondiale de canne à sucre, faisant d’elle la plus riche des colonies françaises. À la découverte de l’île, en 1492, par Christophe Colomb, les documents de l’époque font état de la présence d’1,3 million d’indigènes, les Arawaks et les Taïnos. L’île est baptisée Hispaniola, la déformation d’Isla Española. Sous domination espagnole, l’île est très vite dépouillée de son or et à partir de 1730 la présence du métal précieux a pratiquement disparu, en même temps que celle des indigènes qui est passée à 60 000 individus. Génocide ethnique oblige, les colons espagnols remplacent les esclaves indiens qui travaillaient dans les mines, et les plantations par des esclaves africains. La raréfaction de l’or amène le gouverneur de l’époque à importer des plants de canne à sucre et à encourager son exploitation. Au XVIIe siècle, des chasseurs français, communément appelés boucaniers, s’installent sur l’île voisine de la Tortue. Ils penchent rapidement pour la piraterie et s’attaquent aux navires espagnols. En 1640, ils expulsent les Anglais de l’île, et s’installent au nord d’Hispaniola. Sous l’autorité française, les plantations prospèrent : café, tabac, cacao, indigo, et bien entendu la canne à sucre. En 1697, grâce au traité de Ryswick, la France acquiert la partie occidentale de l’île. L’île va assurer les ¾ de l’exportation mondiale de canne à sucre et la moitié de celle du café. Au XVIIIe siècle, on dénombre sur l’île 500 000 esclaves noirs sur 600 000 habitants. Plus de 30 000 esclaves débarquent chaque année. À cette époque, il ne fait pas bon être un homme de couleur… Soumis au Code Noir, les esclaves africains ont autant de droits civiques qu’une table de salon. On légalise la mutilation et le châtiment corporel en cas d’évasion, et en cas de récidive la peine de mort est facilement applicable, voir automatique… Bref, c’est une époque formidable…
Admiré, aimé, adulé aux Antilles, notamment sur l’île qui l’a vue naître, Haïti, Toussaint Louverture reste malheureusement un personnage historique encore trop méconnu du grand public en hexagone.
Louverture n’est pas son vrai nom. Il naît en 1743 dans la plantation Breda proche de l’actuel Cap-Haïtien (2ème ville actuelle d’Haïti). On pense qu’il est originaire du Bénin. Il a la chance d’être sous la protection du gérant, ce qui lui évitera de travailler dans les champs. Il devient, par la suite, cocher. Il est affranchi en 1776 et prendra le nom de son habitation : Toussaint Breda. Il épouse Suzanne Simon Baptiste, elle-même affranchie quelques années plus tôt. Lors de leur rencontre, elle est déjà mère d’un enfant métis. De leur union naquirent deux enfants, Isaac et Saint-Jean. Sa condition d’homme libre lui permet d’apprendre à lire et écrire. Très vite, il est remarqué pour son érudition et sa connaissance des herbes médicinales. Avouons-le, à ses premières heures il n’est pas encore un abolitionniste convaincu. Avoir été esclave ne l’empêche pas à son tour d’être propriétaire d’une petite plantation de café qui comprend une dizaine d’esclaves. C’est dans ce groupe d’esclaves que Toussaint rencontre son futur bras droit et successeur félon : Jean-Jacques Dessalines.
Les colons blancs voient d’un mauvais œil l’arrivée de la Révolution française et craignent que les idées d’Homme libre ne viennent enivrer les désirs de liberté des esclaves. Le 15 mai 1791, l’Assemblée nationale accorde le droit de vote pour une petite minorité d’hommes de couleur (les enfants nés d’une union entre noirs et blancs), ce qui va mettre le feu aux poudres du côté des colons qui refuseront d’appliquer le décret. De violents affrontements vont alors éclater entre colons et nouveaux hommes libres. Mais la révolte va prendre une autre tournure le 14 août 1791 à Bois-Caïman dans la plaine du nord. Au cours d’une cérémonie vaudoue, après avoir bu le sang d’un cochon sacrifié (certaines sources désignent le sacrifice d’un homme), les esclaves décident de se révolter à leur tour. Menée par Dutty Boukman, Jean-François Papillon, et Georges Biassou, l’insurrection va amener à l’assassinat d’un millier de blancs et la destruction par le feu d’un nombre conséquent de plantations. Dutty Boukman sera tué et décapité par les colons afin que sa tête soit exhibée. Le 27 novembre, l’Assemblée nationale revient sur les droits accordés le 15 mai 1791. Les mulâtres (terme de l’époque pour désigner les métisses) refusent de perdre leurs droits et s’allient aux esclaves.
Toussaint rejoint le camp des révoltés sous les ordres de Georges Biassou. Il va se dévoiler être un excellent stratège, constitue une garde rapprochée, et soigne les blessés grâce à ses connaissances médicinales. Début 1793, les Espagnols qui occupent la partie orientale de l’île proposent aux insurgés de les rejoindre en échange de leur liberté. Toussaint Breda accepte l’alliance et vient enrichir l’armée espagnole de 3 à 4 000 révoltés. Grâce à ses talents militaires, il est nommé lieutenant-général et change son nom pour Louverture. La colonie française se voit, en plus d’être soumise à la guerre civile, attaquée par les troupes espagnoles menées par Toussaint Louverture, mais aussi par les Britanniques. La Convention, avec l’appui du général en chef français Etienne Lavaux, décide le 4 février 1794 de voter le décret d’abolition de l’esclavage pour les grandes idées peut-être, mais surtout pour rallier les insurgés face aux attaques extérieures. Toussaint change alors de camp, a contrario de Georges Biassou qui reste fidèle au système monarchique. Après avoir chassé les Anglais, Toussaint est nommé gouverneur de la colonie. Les anciens esclaves sont invités, et malheureusement souvent forcés, à reprendre le travail dans les champs en tant que salariés. Il parvient à conquérir la partie espagnole de l’île et se nomme Gouverneur général à vie. Saint-Domingue (Haïti) devient très vite économiquement autonome grâce au commerce qu’elle entretient avec les États-Unis et la Grande Bretagne.
Alors qu’il doit déjà faire face à des dissensions internes menant à plusieurs massacres de blancs, Toussaint voit les troupes napoléoniennes frapper à sa porte. Après avoir rétabli l’esclavage au mois de mai 1802, Napoléon est bien décidé à reprendre la main sur l’île pour ses richesses naturelles. Il envoie une armée de 25 000 hommes, avec à la tête son beau-frère, le général Leclerc. Bien que disposant d’une armée aussi conséquente, il ne parviendra pas à repousser l’ennemi. Le 7 juin 1802, il est trahi par son ancien esclave et lieutenant, Jean-Jacques Dessalines. Il sera, avec ses proches, déporté en métropole sans aucun jugement. Le 22 juillet, il est transféré avec son fidèle serviteur, Mars Plaisir, dans le Jura au fort de Joux, réputé pour être l’endroit le plus froid de France. Napoléon souhaite le détruire et le faire disparaître des consciences. L’unique fenêtre de sa cellule est volontairement murée. Après avoir passé un hiver très rude, dépourvu de tout, il décède le 7 avril 1803 de maladie.
La mort de Toussaint n’empêchera pas l’île d’acquérir son indépendance grâce au sang et la bravoure des insurgés. La fièvre jaune finira par achever les troupes françaises et notamment le général Leclerc. Le 18 novembre 1803, l’armée française capitule et l’île proclame son indépendance le 1er janvier 1803. L’île de Saint-Domingue est renommée Haïti (nom donné par les amérindiens Taïnos) et devient le 1er Etat noir indépendant.
Sacha
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